Rassemblement national, Nouveau Front populaire et camp présidentiel ont chacun dévoilé leur programme pour les législatives. Voici un comparatif de leurs principales propositions, avant le débat de mardi entre Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.

- Pouvoir d'achat -

Préoccupation N.1 des Français selon plusieurs récents sondages, le pouvoir d'achat traverse le projet des trois principaux blocs. Le RN promet ainsi de réduire à 5,5%, contre 20% actuellement, la TVA sur les produits énergétiques. Et dans un second temps de "suspendre" la TVA sur une centaine de produits de première nécessité, "en cas de forte inflation".

La gauche présente elle une mesure économique phare: un Smic à 1.600 euros net contre près de 1.400 aujourd'hui. L'indexation des salaires sur l'inflation et la hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaires apparaissent aussi dans le programme du Nouveau Front populaire.

Pour financer ce projet coûteux pour les finances publiques, l'alliance de gauche entend rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) renforcé avec un "volet climatique", "généraliser" la taxation des superprofits et créer une surcotisation sur les hauts salaires.

Si la gauche compte "refuser le pacte de stabilité budgétaire" européen, qui impose notamment un déficit public sous les 3% de PIB, la majorité macroniste s'engage à revenir dans les clous à l'horizon 2027 (contre 5,5% en 2023), sans hausse d'impôts.

Elle permettra aux entreprises d'augmenter jusqu'à 10.000 euros par an sans charge ni impôt le montant de la prime de pouvoir d'achat (prime "Macron"). Elle prévoit une baisse de 15% des factures d'électricité dès l'hiver prochain ainsi qu'une diminution identique du prix des fournitures scolaires via des "achats groupés".

- Immigration -

Si la gauche entend abroger la loi immigration adoptée cet hiver au Parlement, consacrer un "droit du sol intégral" ou encore créer "un statut de déplacé climatique", le RN promet lui une nouvelle loi immigration "d'urgence" dès 2024.

Ses propositions: suppression du droit du sol, durcissement des critères du regroupement familial, délit de séjour irrégulier avec une amende, et transformation de l'Aide médicale d'Etat pour les étrangers en situation irrégulière en "aide d'urgence vitale".

Le parti lepéniste a également expliqué lundi vouloir interdire certains "emplois sensibles" aux binationaux, sans remettre en cause la "double-nationalité" comme il le proposait encore en 2022.

- International -

Même si la politique étrangère de la France est traditionnellement considérée comme de la prérogative présidentielle, la gauche et l'extrême droite ont toutes deux dévoilé plusieurs propositions.

Les partis de gauche ont tenté de surmonter leurs profondes divergences en dénonçant dans leur programme les "massacres terroristes" du Hamas, tout en promettant de lutter contre "l'explosion inquiétante" des "actes racistes, antisémites et islamophobes".

Ils prônent la reconnaissance immédiate de l'Etat de Palestine, au contraire de M. Bardella qui estime lui qu'une telle initiative reviendrait aujourd'hui à "reconnaître le terrorisme". 

Ce dernier a par ailleurs assuré qu'il n'entendait pas "remettre en cause les engagements de la France à l'international" s'il devient Premier ministre. Marine Le Pen promettait encore en 2022 de sortir du commandement intégré de l'Otan. 

Le président du RN a aussi prévenu lundi qu'il serait "extrêmement vigilant" face aux "tentatives d'ingérence de la Russie", tout en fixant des "lignes rouges" sur l'envoi de troupes au sol en Ukraine ou "de missiles longue portée ou de matériel militaire" qui pourrait "frapper directement les villes russes".

Des annonces qui entrent en collision avec celles d'Emmanuel Macron, d'accord pour permettre l'utilisation par l'Ukraine d'armes occidentales pour "neutraliser" des bases militaires russes.

- Retraites et santé -

RN et Nouveau Front populaire proposent tous deux, en cas de victoire le 7 juillet, de supprimer la réforme de l'assurance chômage décidée par le gouvernement, qui durcit les conditions d'éligibilité et réduit la durée d'indemnisation.

Autre réforme très décriée, celle des retraites, sur laquelle les deux blocs d'opposition veulent revenir. La gauche propose de l'abroger et vise un "objectif commun": le droit à la retraite à 60 ans.

Jordan Bardella a lui entretenu le flou sur sa position sur le sujet, affirmant vouloir mettre en place un âge légal de départ à 62 ans tout en instaurant un système "progressif" privilégiant les carrières longues, avec la possibilité de partir à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans, avec 40 ans de cotisation.

Le bloc central a lui promis d'indexer les retraites sur l'inflation et de créer une mutuelle publique à un euro par jour pour les retraités, étudiants, indépendants ou demandeurs d'emploi.

Sur la santé, la coalition Ensemble veut poursuivre le mouvement de délégations d'actes médicaux à d'autres professions (vaccination par les pharmaciens, adaptation de la prescription de lunettes par des opticiens...).

Le RN promet d'exonérer d'impôt les revenus d'activité professionnelle de médecins retraités qui reprendraient le travail en cumul emploi-retraite; tandis que la gauche veut rembourser la procréation médicalement assistée (PMA), les protections menstruelles; et instaurer un congé menstruel.

- Education -

Emmanuel Macron s'est prononcé pour l'interdiction du téléphone "avant 11 ans" et des réseaux sociaux "avant 15 ans", tandis que Jordan Bardella a souhaité "un big bang de l'autorité" à l'école notamment avec l'interdiction des téléphones portables dans les établissements et le port de l'uniforme.

La gauche veut elle s'assurer de la "gratuité intégrale" à l'école, de la cantine aux transports scolaires en passant par les fournitures.