Personne ne prendra Jean-Luc Mélenchon en défaut sur son intelligence. Et c’est bien ce qui le rend redoutablement efficace. Profitant d’une assez banale mise en garde du ministre de l’Enseignement supérieur à l’approche du 7 octobre, date anniversaire de l’effroyable massacre perpétré par le Hamas contre des civils en Israël, Jean-Luc Mélenchon fait le malin.

« Le ministre de l’Enseignement supérieur a écrit une lettre pour demander qu’on ne parle pas de Gaza à l’université parce qu’elle est laïque. C’est un abus de pouvoir. Parler de géopolitique n’enfreint pas la laïcité. Je demande à la jeunesse de ne pas accepter cet interdit. » Et d’appeler les étudiants à mettre des drapeaux palestiniens partout où ils le peuvent à compter du… 8 octobre.

Trop fort ! Il enjambe le 7 octobre, ce qui lui évite d’être accusé d’apologie du terrorisme. Il donne une leçon sur la laïcité, invoquée ici bien aventureusement par le ministre. Ce qui lui permet d’invisibiliser l’appel au maintien de l’ordre, véritable enjeu du courrier ministériel. Ce qui lui permet de faire semblant d’ignorer que les appels à soutenir Gaza et la Palestine ont évidemment une importante résonance religieuse en France et qu’il est irresponsable de transformer l’université, où se côtoient des étudiants du monde entier, en lieu de manifestations « géopolitiques » qui, on l’a déjà mesuré, peuvent facilement dégénérer avec des échos qui vont bien au-delà des amphithéâtres.

Jean-Luc Mélenchon n’en a cure. Il instrumentalise. Il joue avec le feu. Avec les douleurs, aussi. À l’approche du 7 octobre, la décence la plus élémentaire lui commandait pourtant de se taire. Son appel à « s’insoumettre » à la retenue, qui était au fond le message du ministre aux présidents des universités, est tout simplement insoutenable.

Mélenchon, l’indécent