La Syrie est un vaste pays. Certaines zones sont complètement oubliées. Pourtant, elles ont fait face au pire et se sont aussi libérées de 53 ans de tyrannie. C’est dans la province de Deir ez-Zor, sur les bords du mythique fleuve Euphrate, que notre périple se poursuit. Tout à l’est, près de la frontière irakienne.
«Vous êtes les premiers journalistes à me demander une autorisation pour aller à Deir ez-Zor!», nous lance Rana, l’attachée de presse des nouvelles autorités syriennes, d’un air presque moqueur. Son anglais est parfait, son sourire aussi. Elle a la trentaine et, désormais, il faut obligatoirement passer par son bureau à Damas pour obtenir l’autorisation de se déplacer dans le pays. Certains médias ont déjà essuyé des refus alors, face à Rana, hors de question de dire le mot de travers. Lorsque je prononce le nom de «Deir ez-Zor», j’ai conscience que la réponse a de bonnes chances d’être «non».
Un mot pour comprendre. Deir ez-Zor, c’est la grande ville de l’est syrien. Au milieu du désert, aux confins du pays, non loin de l’Irak, elle s’étend de part et d’autre de l’Euphrate, ce qui en fait un point chaud stratégique. Passée entre les mains de différents groupes rebelles, puis contrôlée pendant quelques mois par l’Etat islamique, elle a été massivement bombardée entre 2014 en 2017 par le régime Assad et son allié russe. La situation sécuritaire y est… volatile, pour reprendre les mots de l’Agence européenne des réfugiés.
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