Début 2024, nous publiions l’Exploration «Tout schuss dans la cocaïne», sur l’usage décomplexé de cocaïne et d’autres drogues dans les stations de ski alpines, en Haute-Savoie et en Suisse. Le média Rembobine revient aujourd’hui sur cette enquête et ses répercussions.
C’est le drame des contenus journalistiques: publiés un jour, ils peuvent être oubliés le lendemain. Pourtant, certains articles, parce qu’ils secouent le Landerneau ou jettent une lumière crue sur le monde, méritent d’avoir une vie longue.
C’est la spécialité de Rembobine, média français en ligne fondé fin 2022 par trois journalistes, que de se pencher sur ces enquêtes à un an de distance, de les faire connaître à de nouveaux lecteurs et de s’interroger sur l’impact qu’ils ont eu.
Si nous en parlons aujourd’hui, c’est que Rembobine a choisi de se pencher sur l’Exploration «Tout schuss dans la cocaïne», publiée en février 2024 par nos soins, afin de la présenter à ses lecteurs sur son site et dans sa newsletter hebdomadaire.
Cette enquête de plusieurs mois avait pour objet de montrer au grand jour un aspect sombre des stations de ski huppées des Alpes, des Gets à Chamonix en passant par Verbier, qu’elles préfèrent passer son silence. A côté de la piste rouge et de la soirée fondue, il y a cette autre réalité des stations alpines de France et de Suisse: on y trouve au moins autant de poudre que de poudreuse. Pour tenir dans ce milieu mi-festif, mi-sordide, les saisonniers usent et abusent de la cocaïne.
Il s’agissait de montrer l’existence d’un problème connu de tous sur place mais soigneusement tu par des pouvoirs publics un peu débordés ou un peu complaisants, et banalisé à l’extrême par les saisonniers eux-mêmes, alors qu’il provoque son lot régulier de drames et d’insécurité.
Rembobine en profite aussi pour s’interroger sur l’impact qu’a eu ce travail journalistique, sur les plans institutionnel, médiatique, judiciaire et en matière d’opinion publique — une méthodologie inspirée du site d’investigation Disclose. Vous verrez que, même si la Haute-Savoie reste fidèle à sa réputation de grande muette, les choses ont évolué sur le terrain.
Le dossier est complété par une interview de Romane Mugnier, la talentueuse journaliste indépendante ayant signé l’enquête pour Heidi.news, qui explique notamment – nous vous en avions parlé – avoir reçu bon nombre de retours déplaisants, du mépris au haussement d’épaules en passant par la menace voilée.
«D'un coup, on n'est plus ‘l'enfant du village’ mais ‘la journaliste’, et pas forcément la journaliste sympa, au contraire», explique à Rembobine cette native de Haute-Savoie, dont nous sommes bien placés pour savoir qu’elle n’a pas froid aux yeux. Une qualité essentielle, quand il s’agit de plonger dans la poudreuse.