Pour vous permettre d’aborder 2025 du bon pied, le rédacteur en chef (Serge Michel) et le chef d'édition (Yvan Pandelé) de Heidi.news ont sélectionné pour vous les Explorations de l'année écoulée les plus chères à leur cœur. Avec nos meilleurs vœux!

Sur Heidi.news, l’année fut riche en Explorations, qui nous ont menés des Caraïbes à l’Ukraine, en passant par Les Gets, Haute-Savoie. Merci du fond du cœur à nos vaillantes plumes, sans qui ces récits, reportages et enquêtes n’existeraient pas. Et à vous, dévoués lecteurs, sans qui nous n’existerions pas. Ces histoires, on le sait, vous ne les avez pas toutes lues. Et cela vous taraude la nuit…

Alors pour vous permettre d’aborder 2025 le cœur léger, on vous a concocté un florilège des Explorations qui nous ont marqués. Evidemment, une telle sélection est très subjective – et c’est là tout son intérêt!

Volga Blues, au cœur de la Russie profonde (Yvan)

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Jeune gymnaste pratiquant au bord du fleuve à Samara, en Russie. | Alessandro Cosmelli, pour Heidi.news

La Volga, la «petite mère», irrigue le cœur du territoire et de l’âme russe. Pour comprendre la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, le journaliste italien Marzio G. Mian et le photographe sont partis Alessandro Cosmelli dans un périple d’un mois et 6000 kilomètres le long du fleuve. Ils y rencontreront un oligarque de la saucisse, un hippie sur son île, une Tzigane en deuil, un pope jusqu’au-boutiste, et on en passe.

De quoi ça parle. De nostalgie post-soviétique, de grands espaces, et de ce que la guerre fait à ceux qui la font. Et aussi d’un certain Staline, qui nous manque beaucoup.

A qui c’est destiné. A ceux qui aiment les voyages, le monde slave, les romans de Dovlatov.

Les points forts. Un vrai sens de la comédie humaine et du détail qui tue.

A éviter si… vous pensez que quand même, l’OTAN a bien cherché la Russie.

Un point d’orgue. La rencontre avec un néo-hippie sur une île de la Volga, qui chante du reggae en anglais.

Une anecdote. L’Exploration a été traduite de l’allemand croisé de l’italien. Si on s’en était tenu à DeepL, les «clochers à bulbes» seraient encore des «églises à oignon»…

Pour lire «Volga Blues»

Tout shuss dans la cocaïne (Serge)

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Un skieur déguisé en gorille, le 29 mars 2014 à Verbier. | Keystone / Maxime Schmid

C’est le sujet que tout le monde avait sous le nez (et parfois dedans) sans penser à enquêter et à le raconter. Romane Mugnier l’a fait, avec la détermination d’une montagnarde. Dans les stations de ski françaises et suisses, la poudre, ce n’est pas que de la neige. Le dur labeur des saisonniers, les journées sans fin, la joie festive obligatoire, tout cela s’accompagne de produits addictifs.

De quoi ça parle. De drogue, de fêtes frelatées et de trop rares descentes de flics.

A qui c’est destiné. A ceux qui pensent que les stations de ski, c’est pas que pour le ski.

Les points forts. Les témoignages et les preuves, notamment par les caméras de vidéo-surveillance.

A éviter si… vous êtes juste amoureux de la montagne.

Un point d’orgue. Notre journaliste a commandé sur le web des lingettes spéciales, qui virent au bleu au contact de la cocaïne. Elle les a passées dans les toilettes des bars. Résultat… stupéfiant.

Une anecdote. Cette enquête a rendu jaloux plusieurs journaux français, qui se sont empressés de la plagier. Elle a aussi donné des ailes à la police valaisanne, qui s’en est allée arrêter des dealers à Verbier.

Pour lire «Tout schuss dans la cocaïne»

Tout pour l’Allemagne (Yvan)

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Beatrix von Storch, figure de l’aile chrétienne-nationaliste de l’AfD, lors d’un meeting les 11-12 avril 2021 à Dresde. | Keystone / EPA / Filip Singer

«Alles für Deutschland!», s’écrie en mai 2021 Björn Höcke, figure du parti Alternative für Deutschland (AfD), en meeting électoral. Il s’agit d’un slogan nazi, et le politicien, ancien enseignant d’histoire, ne peut l’ignorer. Il sera condamné, mais la justice n’arrête pas les vagues, aussi brunes soient-elles. L’AfD ne cesse de gagner du terrain et menace désormais de prendre l’ascendant en Allemagne. De quoi ce parti est-il le nom?

De quoi ça parle. De déclassement et de nostalgie mal placée, de saucisses, et de comment un parti anti-Euro est devenu nationaliste et anti-migrants.

A qui c’est destiné. A ceux qui s’inquiètent de voir Elon Musk faire de l’œil aux pires politiciens d’Outre-Rhin.

Les points forts. Une plongée dans l’histoire qui permet de saisir les ressorts du vote AfD.

A éviter si… vous pensez, comme elle-même, qu’Angela Merkel a tout fait à la perfection.

Un point d’orgue. Quand une poignée de politiciens se retrouve en secret près de Potsdam pour penser la remigration de millions d’Allemands d’origine étrangère.

Une anecdote. L’autrice de l’Exploration, la jeune journaliste Flavia Gillioz, était venue faire un stage court à Heidi.news. Un mois plus tard, elle était dans le fin fond de l’Allemagne de l’Est à grelotter de froid.

Pour lire «Tout pour l’Allemagne»

Ritaline mon amour (Serge)

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Malka Gouzer et Delphine Presles, pour Heidi.news

J’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont dit: «Ah, Ritaline, j’ai lu les deux premiers épisodes, c’est tellement génial!» Interloqué, je leur ai évidemment ordonné de lire immédiatement les 12 suivants. Ce récit intime, drôle et percutant de Malka Gouzer vous emmène de New York à Strasbourg, de Berlin à Genève en passant par un asile psychiatrique hollandais. Un voyage lucide dans un monde halluciné.

De quoi ça parle. De drogues légales et remboursées par l’assurance, appelées médicaments, qui semblent parfois pires que celles qui se dealent sous le manteau.

A qui c’est destiné. A ceux qui s’interrogent sur le pouvoir de prescrire des médecins et cherchent des arguments pour ou contre la légalisation des drogues.

Les points forts. La force narrative et les digressions, notamment sur le Troisième Reich ou les prisons américaines.

A éviter si… vous êtes le père ou la mère de l’autrice.

Un point d’orgue. Notre journaliste a tenté de se désintoxiquer dans une régie immobilière genevoise. Résultat… peu probant.

Une anecdote. Les premiers textes de ce récit remontent à 2021. Il a fallu trois ans, des dizaines de versions différentes et des kilos de chaussons aux pommes livrés à l’autrice enfermée dans une pièce sombre de la rédaction de Heidi.news pour se rendre compte que le premier jet, en fait, était le bon.

Pour lire «Ritaline mon amour»

Tu seras centenaire, mon chien (Yvan)

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«Henry and Hope», de Gerrard Gethings. D’après nos sources, Henry (l’humain) est à droite et Hope (le chien) à gauche.

Thérapies géniques, clonages, traitements anti-vieillissement… Nos chiens, nos chats et même nos chevaux bénéficient d’innovations auxquelles même les humains n’ont pas encore accès. Mais ces expériences de pointe sont aussi le miroir de nos propres désirs. Bienvenue dans le futur de nos animaux domestiques, qui dit aussi le nôtre.

De quoi ça parle. De notre obsession de vieillir, et de la façon dont nous transférons nos peurs et nos espoirs sur nos animaux de compagnie.

A qui c’est destiné. A ceux qui s’inquiètent de la santé de leur caniche nain et qui se verraient bien centenaires.

Les points forts. La profondeur de vue sur ce que nous réserve la technologie, et les photos incroyables de Gerrard Gethings.

A éviter si… vous préférez les Ephémères aux chiens, et ne lisez que des haïkus.

Un point d’orgue. Les aventures de Shadow, l’épagneul cardiaque, soigné par une thérapie génique qui n’existe même pas encore pour ses maîtres.

Une anecdote. Le titre est inspiré du poème Si de Rudyard Kipling, avec sa célèbre chute: «Tu seras un Homme, mon fils!».

Pour lire «Tu seras centenaire, mon chien»

Un génie de la foutaise (Serge)

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The Drift / John Kazior

Elon Musk a été célébré pour son talent d’entrepreneur, avant de racheter Twitter, d’en faire un torrent de haine, de prendre résidence chez Trump à Mar-a-Lago et de tenter de faire dérailler les démocraties européennes. Le journaliste et écrivain australien Oscar Schwartz s’est irrité de voir que l’auteur à succès Walter Isaacson, qui a écrit sur Albert Einstein ou Léonard de Vinci, érigeait une statue à Musk. Alors il dézingue les deux, le biographe et le biographié.

De quoi ça parle. Du techno-optimisme qui résiste mais n’est plus dominant, d’un monde qui commence à ressembler à une dystopie cyberpunk – corporations, inégalités, surveillance, loi du plus fort…

A qui c’est destiné. A ceux qui doutent de la force d’émancipation de la technologie.

Les points forts. Une enquête intellectuelle facétieuse et informée.

A éviter si… vous conduisez avec bonheur une Tesla.

Un point d’orgue. Peut-on faire l’éloge d’Elon Musk sans passer pour un con?

Une anecdote. Nous avons sélectionné ce texte, initialement paru dans le magazine américain The Drift, parce qu’il présentait une qualité devenue très rare dans la presse francophone: il est hargneux… Est-ce que vous pensez aussi qu’il faudra davantage de textes de cet acabit, ou vous préférez les formats moins engagés? N’hésitez pas à nous le dire.

Pour lire «Un génie de la foutaise»

Nutella, le revers de la tartine

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Un ouvrier d’une entreprise locale de noisettes montre une partie de sa récolte, octobre 2020 à Vasanello, dans la province de Viterbe. | Valerio Muscella

De l’autre côté des Alpes, Ferrero est une institution, comme Ferrari ou Barilla. Son génial fondateur, Michele Ferrero, a rendu le monde accro au Nutella. Mais pour répondre à la demande, l’Italie s’est muée en un immense champ de noisettes. Et quand le bocage cède la place à la monoculture à perte de vue, le drame n’est pas loin…

De quoi ça parle. De ce que l’appât du gain fait aux paysages et aux hommes.

A qui c’est destiné. A ceux qui prévoient des vacances dans les Cinque Terre et à ceux qui se demandent ce qu’il y avait dans les Ferrero Rocher de Noël.

Les points forts. Une journaliste à la plume enchanteresse, qui parle de son terroir comme personne.

A éviter si… vous avez le chocolat compulsif et une allergie aux noisettes.

Un point d’orgue. Pietro, debout à l’arrière d’un camion, qui harangue ses ouvriers à la belle époque du miracle Ferrero.

Une anecdote. La première version contenait une erreur sur l’espèce de l’affreuse punaise verte ravageuse. Il a fallu deux heures de recherche phylogénétique un vendredi soir pour identifier qu’il s’agissait de Palomena prasina, détail inutile s’il en est.

Pour lire «Nutella, le revers de la tartine»

Ténor de guerre (Serge)

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Delphine Presles, pour Heidi.news

Pourquoi, comment, un chanteur d’opéra décide-t-il soudain de prendre les armes pour défendre son pays? Comment naissent les mythes des héros de notre temps? La journaliste Elisa Mignot a passé des mois à chercher les réponses à ces questions, sur les traces du baryton ukrainien Wassyl Slipak. Il chantait à l’Opéra de Paris avant d’aller mourir dans le Donbass, en 2016. Famille, amis, professeurs, collègues: elle a rencontré tous ceux qui l’ont côtoyé ou l’ont vu grandir.

De quoi ça parle. De la voix exceptionnelle d’un enfant de Lviv, des galères de l’exil artistique, de la cruauté du front ouvert par une Russie à nouveau impérialiste.

A qui c’est destiné. A ceux qui cherchent un souffle littéraire dans le journalisme.

Les points forts. Une enquête tenace sur les traces d’un fantôme. Et les super dessins de Delphine Presles, qui a aussi illustré «Ritaline mon amour».

A éviter si… vous êtes aussi poutinolâtre que certains anciens rédac-chefs de journaux romands.

Un point d’orgue. L’autrice a retrouvé la voyante consultée par le chanteur avant son retour en Ukraine. Laquelle a vu juste: «On allait lui tirer dessus!»

Une anecdote. Nous avons publié le dernier épisode de la série le 20 décembre 2024. C’est un discret hommage à Wassyl, qui aurait fêté ce jour-là son 50e anniversaire.

Pour lire «Ténor de guerre»