A l’approche des élections américaines, le dessinateur et journaliste français Elliot Raimbeau est retourné dans l’Iowa, où vit sa famille en partie trumpiste. Sur les traces de la tornade ayant dévasté la petite ville de Greenfield en mai 2024, il fait la rencontre d’un fils d’agriculteur qui a perdu sa maison de famille. Mais pas ses convictions politiques.

«Est-ce que l’enjeu du changement climatique va avoir un impact sur mon vote? Non. Le sujet central de cette élection, pour moi, c’est l’économie. Donald Trump est à la hauteur. Il nous l’a déjà prouvé. Il a fermé la frontière.»

Sur le perron de sa maison, Paul Ehms me parle fièrement de son candidat favori pour l’élection présidentielle. Derrière lui, le vide, là où se trouvait sa ferme familiale. Paul fait partie des survivants de la tornade qui a dévasté la ville de Greenfield (Iowa) au printemps dernier, l’une des trois tornades les plus puissantes jamais enregistrées aux États-Unis, qui a tué cinq personnes et causé plus de 31 millions de dollars de dégâts.

Je suis venu pour que Paul me fasse le tour du propriétaire. En haut de la colline entourée de champs de maïs qui s’étendent à perte de vue, cinquante centimètres de murs en briques dépassent de fondations en béton. C’est tout ce qui reste de sa ferme familiale. A côté, une grange effondrée sur une moissonneuse batteuse et trois troncs d’arbres brisés. Je pensais m’être trompé d’adresse en arrivant.

C’est Robin, l’amie de feu ma grand-mère, qui m’a parlé de cette tornade lorsqu’on discutait des enjeux climatiques pour l’élection. Elle s’est rendue sur place une semaine après la catastrophe avec un groupe de volontaires pour apporter un soutien psychologique aux victimes. «C’est comme si une bombe avait explosé, ça ressemblait à une zone de guerre.»

«Ma maison s’était envolée»

Paul descend les marches d‘un pas leste. Avec sa casquette, ses lunettes de soleil Aviator et son allure de prof de sport, il ne fait pas ses 64 ans. Nous contournons le trou béant et descendons dans la cave. Il me désigne l’endroit où il se tenait quand c’est arrivé. «Comme d’habitude, j’ai ignoré l’alerte tornade sur mon téléphone, c’est un truc pour les poules mouillées. J’ai repris le bricolage. D’un coup, la fenêtre de la cave s’est ouverte et une bourrasque m’a envoyé contre ce mur. Pendant 30 secondes, c’était l’enfer. Quand ça s’est calmé, j’ai levé les yeux, je n’arrivais pas à y croire. On voyait le ciel. Ma maison s’était envolée.»

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