Ils sont nés à dix ans d’écart et 20 kilomètres de distance dans le même département français, entre lac et montagnes. Pour le violoniste comme pour la journaliste, avant même qu’ils se rencontrent chez le futur premier ministre Michel Barnier, la Savoie n’est pas juste le point de départ de leur parcours ambitieux. C’est leurs racines et un réseau bien entretenu.
Midi, au bar des douanes de Chambéry, en face du Palais de justice. Les fanions savoyards rouges et blancs flottent dans l’air. A cette heure, le pastis a remplacé le café.
Vous connaissez Renaud Capuçon?
Capu qui?, répond le patron interloqué.
Deux piliers du bar répondent en chœur:
Renaud Capuçon, c’est l’enfant du pays. Né en 1976, un certain 27 janvier comme Wolfgang Amadeus Mozart, le violoniste est un garçon «concentré, sage, sans être précoce», comme il se définit lui-même en 2016 au micro de France Musique. Il a quatre ans en 1980 lorsque Madame Perrache, sa professeure d'éveil musical, décèle son excellente oreille et propose à ses parents de lui faire commencer le violon. Cadet d’une fratrie de trois enfants, son environnement familial est celui de la petite bourgeoisie: un père fonctionnaire à la direction régionale des douanes, une mère au foyer. Les Capuçon habitent dans le centre de Chambéry, dont l’architecture austère est contrebalancée par l’écrin naturel du massif de la Chartreuse.
C’est d’abord par l’émission le Grand Echiquier de Jacques Chancel sur Antenne 2 que la musique classique entre chez les Capuçon, puis par le festival des Arcs. Natifs de Bourg-Saint-Maurice, dernière ville de la vallée avant les remontées qui mènent aux pistes de ski, le couple fréquente dès sa création ce nouveau festival, qui propose des concerts gratuits dans la station aux allures modernistes de l’architecte Charlotte Perriand.
Un homme a joué un rôle de mentor et de moteur dans la carrière de Renaud Capuçon. Figure incontournable de la vie musicale française, Yves Petit de Voize a cofondé le festival des Arcs en 1973 et l’a doublé d’une académie destinée aux jeunes musiciens. Sur les ondes de France Musique, il raconte: «Toute une génération de musiciens français y sont nés, dont un petit Renaud Capuçon». Lequel décrit, sur la même chaîne, l’ambiance très familiale de ce festival: «On croisait les musiciens sur les pistes de ski l’après-midi». Commentaire d’un musicien qui les a bien connus: «Yves Petit de Voize avait cette capacité de lire les caractères des musiciens. Il avait une compréhension sociale, comme un scanner immédiat des intérêts de chacun. Il a très vite vu chez Renaud un talent et l’âme d’un conquérant.»
Réputé pour sa capacité à dénicher de jeunes talents, Yves Petit de Voize fondera plus tard, avec Renaud Capuçon, le Festival de Deauville en 1997. C’est d’ailleurs ce festival qui produira le premier disque du violoniste. «Aujourd’hui encore, Renaud Capuçon, à travers sa société Beau Soir Production, a un œil sur la programmation du festival et aide à choisir les nouvelles générations de musiciens», explique Yves Petit de Voize au téléphone. L’étoile de celui qui est aussi conseiller artistique de la fondation Singer Polignac, ancien rédacteur en chef du magazine spécialisé Diapason, et ancien directeur artistique du septembre musical de Montreux a récemment pâli, après des accusations d’attouchements sur un mineur, procédure suivie par le parquet d’Albertville, a appris Heidi.news. L’intéressé se dit «pas au courant de cette procédure» et parle de «rumeurs sans fondement».
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A seulement dix minutes en train de Chambéry, Aix-les-Bains montre un tout autre visage. Qualifiée de «Riviera des Alpes», avec son casino et ses palmiers, cette station thermale un peu désuète fait face au lac du Bourget. «Cet endroit dit tout de moi: très lisse en surface, et beaucoup plus mouvementé et plus contrasté en profondeur», affirmait Laurence Ferrari aux micros de RTL. La journaliste y est née en 1966. Son père est une figure de la droite locale: député de la première circonscription de Savoie, tandis qu’un certain Michel Barnier est alors député de la deuxième. De 1984 à 1995, Gratien Ferrari occupe le fauteuil de maire d’Aix-les-Bains. «Cette famille a baigné dans la politique», souligne Florent Pecchio, chef des éditions de L’Essor savoyard.
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