Adolescent, Wassyl est un chanteur d’exception, capable d’insuffler une intensité rare à ses rôles, comme ce Pierrot qui restera dans les mémoires à Lviv. Mais sa tessiture le dessert, dans une Ukraine fraîchement post-soviétique où les voix aiguës sont mal vues chez les hommes. La lumière viendra d’Auvergne.

Je suis devant la porte du conservatoire de Lviv car, après une décennie au chœur Dudaryk, Wassyl, 17 ans, sûr de vouloir devenir soliste, a eu très envie d’y entrer. Pourtant, malgré la rareté de sa voix, ce ne fut pas simple. Je suis gentiment reçue par le couple de pianistes et professeurs Oksana Rapita et Myroslav Dragan accompagnés du vice-recteur et chef d’orchestre Bohdan Dashak. Tous les trois sont un peu plus âgés que Wassyl, mais ils ont fréquenté les mêmes cercles artistiques. Tels des archéologues penchés sur un chantier de fouille – si ce n’est que nous sommes autour d’une table en contreplaqué et de verres d’eau sur des napperons – ils tentent avec sincérité de m’expliquer le cas Wassyl Slipak. Voilà, il y avait un problème, une gêne: sa tessiture de contre-ténor. Oksana Rapita se lance.

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