L'information a été confirmée hier samedi 28 septembre: l'armée israélienne a tué Hassan Nasrallah, le puissant chef libanais du Hezbollah. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou évoque un «tournant historique». L'escalade ira-t-elle jusqu'à une guerre totale? L’hypothèse n’est plus à écarter, et tous les regards sont désormais tournés vers l’Iran.

Et maintenant? La question est sur toutes les lèvres et dans tous les esprits ce dimanche, au lendemain de la confirmation de la mort de Hassan Nasrallah.

Le puissant leader libanais du Hezbollah a été tué vendredi dans un bombardement israélien massif sur la banlieue sud du Beyrouth, où se trouvait le QG du mouvement chiite pro-iranien. Une vidéo, publiée par l’armée israélienne Tsahal et analysée par le New York Times, montre huit avions qui auraient été utilisés dans cette attaque, transportant chacun au moins quinze bombes de 900 kilos, dont certaines de fabrication américaine.

La mort de Hassan Nasrallah marque «*le point d’orgue d’une semaine qui a redistribué toutes les cartes et auquel personne n’était préparé*», [écrit le rédacteur en chef adjoint de ](https://www.lorientlejour.com/article/1428973/mort-de-nasrallah-tous-les-scenarios-sont-desormais-sur-la-table.html)*[L’Orient-Le Jour](https://www.lorientlejour.com/article/1428973/mort-de-nasrallah-tous-les-scenarios-sont-desormais-sur-la-table.html)*, Anthony Samrani, et plonge le Liban et le Moyen-Orient dans l’inconnu. Tous les scénarios sont désormais sur la table. Même celui d’une guerre totale. Samedi, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a parlé d’un «*tournant historique*». «*Éliminer Nasrallah était une condition essentielle pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés: permettre aux habitants du nord de rentrer chez eux en toute sécurité et changer l'équilibre des forces dans la région pour des années*», [a ajouté](https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/diplomatie-defense/artc-netanyahou-la-mort-de-nasrallah-favorise-le-retour-des-habitants-dans-le-nord-et-la-liberation-des-otages) celui qui est bien décidé à ne pas s’arrêter là. Les frappes israéliennes se sont d’ailleurs poursuivies [tout le weekend](https://www.lorientlejour.com/article/1429049/calme-precaire-au-liban-sud-ce-dimanche-matin-apres-une-nuit-notamment-marquee-par-des-bombardements-sur-tyr.html). Du côté des alliés du Hezbollah, [les réactions](https://www.lorientlejour.com/article/1429016/lassassinat-de-hassan-nasrallah-vu-du-moyen-orient.html) ne se sont pas fait attendre. «*L’occupation sioniste devra porter la responsabilité des répercussions dangereuses de ce crime sur la sécurité et la stabilité de la région*», a prévenu le Hamas palestinien. Les rebelles houthis au Yémen, qui ont récemment intensifié leurs frappes contre Israël, ont affirmé que «*la résistance ne sera pas brisée*». Même avertissement du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a assuré que Tel-Aviv «*ne peut pas endommager la solide infrastructure du Hezbollah au Liban*». **Pourquoi c’est important?** Ses alliés ont beau bomber le torse, le Hezbollah a pris un violent coup de massue avec la mort de Hassan Nasrallah. Non seulement le mouvement a perdu un chef vénéré par ses partisans, et qui était son visage depuis plus de trente ans, mais en quelques jours Israël a fait tomber presque toutes les têtes de son haut commandement. Dimanche encore, Tsahal a annoncé avoir tué le haut responsable [Nabil Kaouk](https://www.haaretz.com/israel-news/2024-09-29/ty-article-live/idf-renews-strikes-in-beirut-missile-from-yemen-aimed-at-israel-intercepted/00000192-3b06-d93a-a5b6-3f66eae40000) dans des frappes menées la veille. Et alors que Hezbollah semble à terre, l’Etat hébreu continue de montrer les crocs. «*Ceux qui nous frappent, nous les frapperons. Il n'y a aucun endroit en Iran ou au Moyen-Orient hors de portée du long bras d'Israël, et aujourd'hui vous savez à quel point c'est vrai*», [a averti](https://www.timesofisrael.com/touting-nasrallah-killing-netanyahu-warns-iran-that-israel-can-reach-anywhere/) samedi Benyamin Netanyahou. La veille, à la tribune de l’ONU, [le Premier ministre israélien avait juré](https://information.tv5monde.com/direct/nouvelle-frappe-israelienne-sur-beyrouth-apres-le-discours-de-benyamin-netanyahu-lonu) de poursuivre les opérations contre Hezbollah, «*jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints*». Faut-il alors craindre l’embrasement de la région jusqu’à une guerre totale? La menace ne peut pas être totalement écartée. Et depuis samedi, tous les regards sont notamment tournés vers l’Iran, matrice de l’ «[axe de la résistance](https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/05/qu-est-ce-que-l-axe-de-la-resistance-promu-par-l-iran-face-a-israel-et-aux-etats-unis_6204063_3210.html)» contre Israël et la politique américaine au Moyen-Orient. Et principal fournisseur d’armes et banquier de Hezbollah. **Le dilemme iranien.** Mais à ce stade, le régime iranien semble divisé sur la réaction à avoir. Alors que les conservateurs «*plaident pour une réponse forte, les modérés, dirigés par le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, appellent à la retenue*», [rapporte la journaliste Farnaz Fassihi](https://www.nytimes.com/2024/09/29/world/middleeast/iran-hezbollah-israel-nasrallah.html), pour le *New York Times*. «*Le sort de cette région sera déterminé par les forces de la résistance, avec le Hezbollah en première ligne*», [a déclaré](https://icibeyrouth.com/liban/390560), quant à lui, l’ayatollah Ali Khamenei, la veille. Selon le quotidien américain, la stratégie iranienne serait alors d’aider le Hezbollah à se relever et de le laisser mener la riposte à Tel Aviv, tout en se contentant du rôle de soutien. Car l’Iran sait qu’il a gros à perdre dans une guerre directe contre Israël, dont les Etats-Unis ont déjà laissé entendre qu’ils ne resteraient pas à l’écart. «*Malgré ses missiles et ses milices, Téhéran n’a pas les ressources nécessaires pour affronter Washington et Tel-Aviv dans un conflit direct, d’autant que les pays du Golfe et la Jordanie se tiendront du côté de l’ ‘ennemi’*», [analyse ](https://www.lorientlejour.com/article/1428973/mort-de-nasrallah-tous-les-scenarios-sont-desormais-sur-la-table.html)*[L’Orient-Le Jour](https://www.lorientlejour.com/article/1428973/mort-de-nasrallah-tous-les-scenarios-sont-desormais-sur-la-table.html)*. De fait, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, et le Qatar se murent dans un silence qui en dit long. Côté libanais, le Premier ministre Nagib Mikati a déclaré dimanche que son pays n'avait pas «*d'autres options que la voie diplomatique*» pour obtenir un cessez-le-feu. **Le Hezbollah peut-il se relever?** Depuis deux semaines, le Hezbollah encaisse coup sur coup. Israël assure avoir mené des milliers de frappes la dernière semaine, dans lesquelles une partie de l’arsenal du mouvement chiite est surement partie en fumée. Mais «*ni les 150’000 missiles et roquettes qu’il détient, ni les dizaines de milliers d’hommes armés qui forment la milice n’ont toutefois disparu en un claquement de doigt*», [écrit ](https://www.lorientlejour.com/article/1428973/mort-de-nasrallah-tous-les-scenarios-sont-desormais-sur-la-table.html)*[L’Orient-Le Jour](https://www.lorientlejour.com/article/1428973/mort-de-nasrallah-tous-les-scenarios-sont-desormais-sur-la-table.html)*. «*Les Israéliens ne doivent pas être dupes*», le Hezbollah reste un adversaire puissant, [prévient](https://fr.timesofisrael.com/israel-pilonne-le-hezbollah-mais-en-cas-de-guerre-les-proxys-de-liran-seront-des-ennemis-mortels/) quant à lui *The Times of Israël*: la milice «*n’a pas encore utilisé la majeure partie de son arsenal, et si le combat aboutit à une incursion terrestre – comme le chef d’état-major Herzi Halevi l’indique – l’armée israélienne peut s’attendre à être confrontée à un adversaire bien plus dangereux que le Hamas à Gaza*.» Néanmoins, «*quelle que soit l’issue de la guerre, le Hezbollah en sortira très affaibli. Il lui faudra des années pour reconstruire sa crédibilité vis-à-vis de sa base populaire, de l’ensemble des Libanais et des pays de la région*», assure *L’Orient-Le Jour*. Le mouvement doit d’ailleurs maintenant décider qui remplacera l’irremplaçable Hassan Nasrallah. C’est son cousin Hashem Safieddine, autre figure influente du mouvement, qui pourrait reprendre le poste. Il figure déjà sur la liste noire des «terroristes mondiaux» établie par les Etats-Unis. **Et les civils, dans tout ça?** Alors que le monde est suspendu aux réactions des forces engagées dans ce conflit, les civils continuent de payer le prix le plus lourd. Les frappes israéliennes ont fait des centaines de morts et en ont blessé plusieurs milliers au Liban, depuis le 23 septembre, [s’inquiétait l’ONU](https://www.hrw.org/fr/news/2024/09/25/liban-les-frappes-israeliennes-ont-fait-des-centaines-de-morts-lors-dhostilites) en milieu de semaine. Samedi, le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, [estimait](https://x.com/FilippoGrandi/status/1840008170053238848?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1840008170053238848%7Ctwgr%5Ea7b6619c46f7ab078fee49b463360ebb65973620%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.europe1.fr%2Finternational%2Fplus-de-50000-personnes-ont-fui-le-liban-vers-la-syrie-avec-les-frappes-israeliennes-selon-lonu-4270061) à plus de 50'000 le nombre de personnes vivant au Liban qui ont quitté le pays en direction de la Syrie — essentiellement des ressortissants libanais et syriens. Quant aux déplacés à l’intérieur du territoire libanais, ils seraient déjà plus de 200'000. De son côté, l’ONU annonçait dimanche avoir lancé une opération d'urgence pour fournir une aide alimentaire à un million de personnes. «*Une nouvelle escalade du conflit ce week-end a souligné la nécessité d'une réponse humanitaire immédiate*», explique l'agence dans un communiqué.