Il me restait à explorer les quartiers périphériques de Mykolaïv, au sud de l'Ukraine, où j'essaie d'acheter un appartement. Ce sont surtout des usines géantes à l'arrêt, mais on y trouve aussi de belles plages et les traces omniprésentes d'un passé commun avec la Russie. Là, comme ailleurs, les alertes aériennes retentissent plusieurs fois par jour. Personne ne bronche, jusqu'au moment où un missile russe déchire le ciel.
Un plombier, dans le sud de l’Ukraine? «Difficile. Soit ils sont au front, soit ils se cachent pour ne pas se faire mobiliser», me répète-t-on depuis deux semaines. Je finis pourtant par trouver Serhiy, retraité fluet et sympathique qui vient de passer deux ans comme réfugié en Allemagne avant de rentrer au pays. Devant le WC de mon futur appartement, qui coule, il me répète: «Ich arbeite evro-remont» — «je rénove au standard européen», ce qui est rassurant. Reste à trouver les matériaux disponibles sur place, à Mykolaïv donc, dans cette Ukraine en guerre depuis deux ans et demi.
Stupeur. Il y a 222 modèles de poêles à frire (j’ai compté!) au rayon cuisine d’Epicentr, le gigantesque supermarché «tout pour la maison» de Mykolaïv. Plus loin dans le magasin sont alignés davantage de pots de peinture et de rouleaux de papier peint, de matelas, d’oreillers et de draps en coton bio, de tournevis et de pommeaux de douche que dans n’importe quel brico-loisir de chez moi. Et dire que j’avais d’abord songé à venir en voiture de Genève (2665 km par l’Autriche, la Hongrie et la Roumanie), pour tout emporter dans le coffre.
Rassuré, je décide que l’heure est au tourisme et me lance en taxi dans un tour des faubourgs de Mykolaïv. Jusqu’à maintenant, je n’ai arpenté, à pied ou à vélo, que le centre historique, ravissant en dépit de la caravane de camions qui dévale jour et nuit l’avenue Marine.
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