Matthias Moosdorf, ex-musicien, est le porte-parole du parti allemand d’extrême-droite en matière de politique étrangère. Ses positions, ouvertement pro-russes, ses louanges de la politique du président hongrois Viktor Orban et sa campagne acharnée contre le Pacte mondial sur les migrations de l’ONU en font un poids lourd du parti populiste.

«Musicien, professeur invité, juré, écrivain, député, porte-parole de l'AfD pour la politique étrangère». Sur son profil TikTok, Matthias Moosdorf affiche avec assez peu d’humilité l’ensemble de ses fonctions passées et présentes. A 59 ans, ce violoncelliste à succès, reconverti dans la politique, siège depuis bientôt trois ans au Bundestag, le Parlement allemand, sur les bancs de l’extrême-droite.

Il est né en Saxe du temps de l’Allemagne de l’Est, il y habite un village tranquille et a été élu avec 25,6% des voix dans une circonscription plus urbaine, à Zwickau, la quatrième ville de ce Land désormais politiquement dominé par l’AfD. Pour la première fois, son parti pourrait sortir en tête des élections régionales en septembre.

Ce fils de violoniste peut se targuer d’une carrière musicale couronnée de succès. Professeur invité pendant plusieurs années à l’Université des arts de Tokyo au Japon, il a partagé la scène avec les plus grands. 120 disques, 3500 concerts dans 65 pays en 30 ans avec son quatuor à cordes de Leipzig. En 2021, son mandat politique signe la fin de cette formation et le début d’une nouvelle carrière solo.

Il rejoint le parti d’extrême droite en 2016. Il écrit les discours de la porte-parole fédérale de l’AfD, Frauke Petry, prépare avec elle ses apparitions télévisées, rédige des articles. Il a d’abord pensé faire de la politique à côté de la musique. Mais très vite, il ne supporte plus, comme il dit, les accusations de «nazi et toutes ces conneries» provenant de «l’establishment de gauche» et décide de faire de la politique à plein temps.

Heidi.news: votre engagement politique en 2016 intervient quelques mois après que la chancelière Angela Merkel a décidé de ne pas fermer ses frontières aux réfugiés. Comment cela a-t-il pesé dans votre décision?

Matthias Moosdorf: ce que nous avons vu sous Angela Merkel est l'une des pires politiques que l'on puisse imaginer. Il y a quelques temps est sortie cette histoire où l'ancien président de l'Office de protection de la Constitution, Hans-Georg Maaßen (ancien de la CDU, aujourd'hui à la tête de Werteunion, nouvelle formation d’extrême-droite entre l’AfD et la CDU) est allé voir Wolfgang Schäuble, récemment décédé, à l’époque ministre des finances, très influent à la CDU. Il lui a dit: «Cela ne peut en aucun cas continuer ainsi. Merkel détruit ce pays avec sa politique». Et Schäuble a répondu: «Oui, c'est vrai. Je suis d'accord». Maaßen lui suggère de stopper Mme Merkel. Et Schäuble lui dit: «Oui, mais cela détruira la CDU». Alors cela ne s'est pas produit. Il a ainsi accepté que ce pays soit détruit à la place. Et s'il y a une preuve de la folie et de l'erreur totale de cette politique, c'est bien celle-là. Pour moi, ces 16 années de Merkel sont aussi liées à la sortie du nucléaire, à la politique verte, à l'ignorance des processus démocratiques, etc. Pour moi, c'est le début d'un nouveau totalitarisme, d'une sorte de fascisme. C'est la pire politique depuis Adolf Hitler et les nazis. Jamais l'Allemagne n'a été aussi malmenée que sous Angela Merkel.

Vous aviez préféré la politique du chancelier précédent, le social-démocrate Gerhard Schröder?

On se souviendra de Schröder parce qu’il a refusé de participer à la guerre en Irak, totalement contraire au droit international, et pour son Agenda 2010, en particulier les réformes Hartz (réformes du marché du travail et de l’assurance chômage), quand on a dit: «Désolé, nous ne pouvons pas nous contenter de redistribuer pour le meilleur et pour le pire tout ce que nous gagnons, car la base de tout État social est liée à une bonne économie». Cela lui a coûté son poste. Merkel a ensuite navigué à vue. Elle s’est appuyée sur les sondages d’opinion pour se maintenir au pouvoir, quitte à tout sacrifier. Prenons l’exemple du nucléaire. Elle voulait prolonger la durée de vie des centrales allemandes. Et puis elle s'est rendue compte que pour que son parti reste au pouvoir dans le Bade-Wurtemberg, il lui fallait adopter des positions écologistes. Au même moment, il y a eu Fukushima, elle a utilisé ce prétexte, elle a déclaré cette technologie très dangereuse et a décidé d’en sortir. Quand je dis que c’est une chancelière destructrice, vous voyez les dégâts. Partout dans le monde, on construit de nouvelles centrales nucléaires. Pourquoi? Parce que c’est efficace, écologique et bon marché. Résultat: nous sommes le seul pays occidental sans protection et sans technologie nucléaire. Si les Russes pensent au pays qu'ils choisiraient pour attaquer, nous sommes une invitation, parce que nous n'avons rien.

Ne pensez-vous pas que Mme Merkel a pris cette décision en écoutant l’opinion publique de l’époque? N’est-ce pas cette politique que vous prônez à l’AfD?

Il est vrai que dans le monde entier, ce soi-disant populisme s'est infiltré dans la politique. Et oui, on nous accuse d'être populistes. Il y a une belle phrase de Steve Bannon (l’idéologue populiste de la droite américaine, conseiller un temps de Trump): «Politics is downstream from culture» (pour changer de politique, il faut d'abord changer la culture). En Allemagne, dans les années 1980, avec le mouvement anti-nucléaire, on a vu émerger une clientèle de gauche et écolo. Les grands conservateurs de la CDU de l'époque, sous Helmut Kohl, leur ont barré les domaines politiques importants comme la défense, l'économie ou les finances. On leur a laissé les médias et l’éducation, y compris universitaire, en pensant qu'ils seraient satisfaits et qu'il n'y avait pas de danger. Les Verts ont percé grâce à ces institutions. On a donc formé toute une génération de jeunes gens complètement aveuglés, qui refusent la réalité, dans une société complètement déconnectée de la vie, qui renie la famille, qui renie les sciences naturelles comme sur la question de l'identité des sexes, etc. Cette caste a peu à peu pris le contrôle mental du pays.

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