Une porte de sortie au conflit pourra-t-elle être ouverte? C'est l'espoir qu'instillent les pourparlers en cours en Egypte entre le Hamas et Israël. Depuis novembre, nous n'avions jamais été aussi proches d'une trêve, mais les obstacles sont nombreux et le consensus encore lointain.
Après sept mois de guerre entre Israël et le Hamas, les pourparlers qui se déroulent ce dimanche 5 mai au Caire laissent enfin entrevoir une lueur de paix.
Samedi matin, le Hamas est arrivé dans la capitale égyptienne «dans un esprit positif pour parvenir à un accord», soutient un communiqué du groupe islamique palestinien. De son côté, Israël, qui n’a pas encore envoyé de délégation, a fait une offre «extraordinairement généreuse», selon le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
Afin que les négociations aboutissent à une trêve durable, nécessaire respiration dans un bain de sang, les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte se sont positionnés en médiateurs des débats. La rencontre est hautement sensible. Un échec pourrait conduire à une relance des opérations dans le sud de Gaza et à la mort de nombreux civils palestiniens et d’otages israéliens.
Pourquoi c’est important? En quelques mois, de l’opération initiale visant à détruire le Hamas et à libérer les otages enlevés le 7 octobre par le mouvement islamique, le conflit s’est embourbé dans une guerre de ratissage et une crise humanitaire subséquente. Plus de 34’000 palestiniens sont morts dans la bande de Gaza, et des dizaines d’otages sont encore détenus par le Hamas.
Sur les 250 personnes enlevées, 35 sont aujourd’hui considérées comme mortes par Israël et 128 comme encore captives. C’est leur vie qui est en jeu ce dimanche, ainsi que celle des civils palestiniens victimes des bombardements israéliens. Malgré la volatilité de la situation à Gaza, l’ouverture de ces pourparlers portent une note d’espoir. La dernière et seule trêve entre les belligérants, en novembre dernier, avait permis la libération de 105 Israéliens, dont 80 binationaux, échangés contre 240 Palestiniens détenus en Israël. **Otages contre prisonniers.** Pour que cette nouvelle trêve aboutisse, encore faut-il que le Hamas accepte les conditions posées par l’Etat hébreu dans une offre soumise la semaine passée. Elle comprend une pause de 40 jours dans l’offensive israélienne, ainsi que la libération de détenus palestiniens contre celle d’otages israéliens. Dans un communiqué, le mouvement palestinien a quant à lui réitéré ses exigences: «*parvenir à un accord qui satisfasse les demandes de notre peuple d’un arrêt total de l’agression* \[israélienne\], *le retrait des forces d’occupation* \[israéliennes\], *le retour des déplacés, l’aide et la reconstruction, ainsi qu’un arrangement sérieux d’échange*» de prisonniers israéliens contre des prisonniers palestiniens. Des demandes que le Hamas devra tempérer, selon le médiateur américain. «*Nous attendons de voir si, vraiment, ils peuvent accepter de répondre oui au cessez-le-feu et à la libération des otages*», a souligné le secrétaire d’Etat américain [Antony Blinken](https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/gaza-le-hamas-attendu-au-caire-ce-samedi-pour-discuter-dune-treve-20240504_YWDXFG35SJDNBOC7BAION7V2QM/). «*La réalité, en ce moment, c’est que le seul obstacle entre le peuple de Gaza et un cessez-le-feu, c’est le Hamas*», a-t-il continué. Pour appuyer cette volonté américaine, un acteur clé, [le directeur de la CIA, William Burns](https://www.lopinion.fr/international/guerre-a-gaza-le-hamas-attendu-samedi-au-caire-pour-des-pourparlers), a fait lui-même le déplacement au Caire pour assister aux pourparlers dès vendredi. **Quitte ou double.** Afin de conduire ces négociations, la partie palestinienne a envoyé samedi matin une délégation menée par Khalil al-Haya, numéro 2 du bureau politique du Hamas. Selon les premières informations issues des pourparlers, le mouvement serait prêt à libérer 40 otages israéliens. Mais la demande d’un arrêt complet des opérations à Gaza a été rejetée par Israël au profit d’une «*période de calme durable*». Israël accorderait alors une liberté de mouvement entre le nord et le sud de la bande palestinienne et engagerait un retrait partiel de ses troupes. L’enjeu du compromis sera-t-il suffisant pour permettre l’accouchement d’un accord? Du point de vue du mouvement islamiste, l’honnêteté des propositions de l’Etat hébreu est fragilisée par les dernières sorties du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ainsi que d’une partie de son cabinet de guerre, qui ne cessent d’appeler à la poursuite des opérations à Gaza jusqu’à l’anéantissement total du Hamas. L’absence d’une délégation israélienne au Caire pourrait aussi peser négativement sur la poursuite des négociations et l’obtention d’un accord de compromis. Ce qui n’a pas empêché Israël de transmettre ses conditions au mouvement islamiste, lui laissant «*[une semaine](https://www.courrierinternational.com/article/guerre-israel-hamas-le-hamas-au-caire-pour-des-pourparlers-a-quitte-ou-double-sur-l-offre-de-treve-a-gaza#:~:text=Le%20Hamas%20a%20annonc%C3%A9%20vendredi,le%20mouvement%20islamiste%20palestinien%20se) pour accepter un cessez-le-feu et un accord d’échange de prisonniers*». Dans le cas contraire, [une invasion terrestre de Rafah serait inévitable](https://www.tf1info.fr/international/en-direct-treve-israel-gaza-le-hamas-au-caire-pour-poursuivre-les-discussions-autour-d-un-cessez-le-feu-negociations-liberation-des-otages-arret-des-combats-le-point-le-4-mai-2024-2298279.html), et ce, malgré les mises en garde de Washington et de l’ONU qui craignent une reprise des hostilités, cette fois-ci sans porte de sortie à court terme. C’est quitte ou double pour les parties.