Un tribunal de Moscou confirme lundi en appel la condamnation à trois ans de prison du Français Laurent Vinatier, collaborateur du Centre pour le dialogue humanitaire
Un tribunal de Moscou a confirmé lundi en appel la condamnation à trois ans de prison du Français Laurent Vinatier. Ce collaborateur d’une ONG suisse a été condamné pour ne pas s’être enregistré en tant qu'«agent de l’étranger», a constaté l’AFP.
Moscou a été accusée par le passé par les Occidentaux d’arrêter des ressortissants étrangers pour ensuite négocier des échanges de prisonniers. Les relations entre Moscou et Paris sont en outre glaciales, depuis que le Kremlin a lancé il y a trois ans son assaut contre l’Ukraine, un conflit armé qui a également entraîné une répression sans merci des détracteurs du pouvoir russe.
«Le verdict du tribunal [de première instance] Zamoskvorezki concernant Laurent Vinatier reste inchangé», a indiqué la juge d’appel, Tatiana Sokolova, à l’issue d’une audience express. A l’énoncé de la sentence, des larmes perlaient dans les yeux du condamné.
Incarcéré depuis juin 2024, ce chercheur spécialiste de l’espace post-soviétique travaillait en Russie pour le Centre pour le dialogue humanitaire (HD Centre) de Genève. Cette ONG fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels.
Les autorités russes accusaient Laurent Vinatier, 48 ans, d’avoir manqué à son obligation de s’enregistrer sous le label d'«agent de l’étranger» alors même qu’il collectait des «informations dans le domaine des activités militaires» pouvant être «utilisées contre la sécurité» de la Russie.
La Russie utilise depuis des années le statut d'«agent de l’étranger» pour réprimer ses détracteurs, mais c’est la première fois qu’un non-russe est incarcéré pour ce motif.
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L’intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l’ignorance. Il s’est également excusé, espérant l’indulgence de la justice. «Je reconnais ma culpabilité, et je présente mes excuses à la Russie pour ne pas avoir respecté ses lois», a-t-il répété en russe lundi à la cour, la mine pâle et vêtu d’un pull noir.
Le 14 octobre dernier, le tribunal Zamoskvoretski de Moscou l’avait condamné à trois ans de prison ferme, un verdict jugé «sévère» par les avocats de M. Vinatier, qui avaient aussitôt annoncé leur intention de faire appel.
Selon des sources interrogées par l’AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, avant même l’offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des Etats. Jusqu’à son arrestation, il effectuait des voyages dans les deux pays.
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Cette affaire est survenue à un moment où les relations entre Moscou et Paris sont très tendues: la Russie a été accusée d’une série d’actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien militaire à l’Ukraine ou encore de censurer les médias russes.
La semaine dernière, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron a qualifié la Russie de «menace existentielle pour les Européens». Ces dernières années, plusieurs Occidentaux, en particulier des Américains, ont été arrêtés en Russie et visés par de graves accusations. Washington a dénoncé des prises d’otages pour obtenir la libération de Russes détenus à l’étranger. Plusieurs échanges de ce type ont eu lieu.
Le dernier en date ce mois-ci a servi de prélude à la reprise du dialogue américano-russe et qui a vu le président américain Donald Trump adopté un ton conciliant à l’égard de Moscou et très critique de l’Ukraine.