La nouvelle administration américaine tourne le dos à l’Europe et embrasse a priori l'argumentaire russe sur la guerre en Ukraine. L’Europe ne peut donc plus compter sur le soutien américain pour sa défense

Depuis 2014, les dépenses militaires des pays européens de l’OTAN ont augmenté de 75%, atteignant 452 milliards de dollars en 2024. Mais malgré cette hausse, l’Europe reste largement dépendante des Etats-Unis. Notamment pour de nombreuses infrastructures stratégiques, comme les systèmes de commandement, le ravitaillement en vol ou encore la défense aérienne.

Revenons en arrière. Le tout premier projet concret d’armée européenne remonte à 1950, mais la France refuse sa ratification en 1954 et les pays européens se tournent vers les Américains, dont les troupes sont largement présentes sur le sol européen pendant la Guerre froide. Depuis, l’idée d’une défense européenne commune a été envisagée à plusieurs reprises, mais n’a jamais vu le jour. Soixante ans plus tard, l’UE a renforcé ses efforts de coopération militaire avec des initiatives comme le Fonds européen de défense et la «boussole stratégique», adoptée après l’invasion de l’Ukraine en 2022. Mais ces efforts restent insuffisants, car l’unification militaire n’a pas encore eu lieu, et l’Europe demeure largement dépendante de l’OTAN pour sa sécurité.

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Et cette histoire d’unification divise l’Europe. On a, d’un côté, des pays comme la France, le Royaume-Uni, la Pologne ou les pays baltes, qui craignent un conflit majeur dans les années à venir, et qui prônent une défense plus forte. De l’autre, on a des nations, comme la Hongrie, qui privilégient une approche plus conciliante avec la Russie.

Le classement 2025 des puissances militaires européennes, établi par Global Firepower, place la France et le Royaume-Uni en tête, grâce à leur arsenal nucléaire et leur expertise militaire. Ce sont, entre autres, eux qui entraînent les soldats ukrainiens pour leurs combats face à l’armée russe. Mais cela soulève la question de l’équilibre entre quantité et qualité des forces. La Grèce, par exemple, possède une armée plus nombreuse que la France, mais elle dispose de matériel moins moderne et d’une expertise moins pointue que l’armée française.

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La Russie a récemment reconnu le «droit souverain» de l’Ukraine à rejoindre l’Union européenne, mais elle s’oppose fermement à son intégration dans l’OTAN. Et refuse par ailleurs la présence de troupes européennes de l’OTAN pour garantir un éventuel cessez-le-feu. D’ailleurs, lors d’une réunion à Paris ce lundi 17 février, ils étaient plusieurs pays européens à avoir exprimé des réticences sur l’envoi de troupes dans l’hypothèse d’un accord de paix.

A Bruxelles, dans une rare déclaration commune, des eurodéputés responsables de partis de la droite, de la gauche, des écologistes et du centre, ont appelé à redoubler d’efforts pour défendre l’Ukraine et la sécurité européenne. Selon eux, «l’Europe ne peut plus dépendre uniquement des Etats-Unis pour défendre ses valeurs et les intérêts communs».