CHRONIQUE. «Tu devrais lire Le Prince, Marco. La virilité, la vraie, ce n’est ni la salle de muscu, ni le salon de coiffure, encore moins la génuflexion». Où la récente métamorphose du patron de Facebook laisse sans voix notre chroniqueur – mais pas sans mots, bien sentis
«Une grande partie de notre société est émasculée» déclarait Mark Zuckerberg il y a peu. Pensait-il à ce chef d’entreprise qui, en 2021, prononçait l’exclusion définitive de Donald Trump du réseau Facebook, pour ensuite baiser sa bague et apporter son obole (1 million de dollars, quand même) à sa cérémonie d’investiture? S’il pensait à lui-même, son analyse est convaincante. Sa thérapie l’est moins. Zuckerberg prône une culture «d’agressivité». Il veut fréquenter des «amis masculins», avec lesquels il pourra «se battre un peu». Voilà qu’il laisse pousser ses cheveux et s’adonne à la gonflette. Tu devrais lire Le Prince, Marco. La virilité, la vraie, ce n’est ni la salle de muscu, ni le salon de coiffure, encore moins la génuflexion. Ce qui définit le chef, c’est sa force et son audace, la virtù, dont parle Machiavel, mot dont la racine est vir, l’homme, celui qui ne change pas de stratégie au milieu du gué. Le contraire d’un pleutre. Je te sens inquiet quand tu déclares qu’il est important que les femmes «puissent réussir dans l’entreprise», mais que «c’est allé trop loin». C’est quoi, pour toi, les femmes, Marco? Des poupées? C’est Donald, ton modèle? Franchement, Marco, t’as pas honte?