Trois ans après avoir envahi l’Ukraine, le Kremlin voit désormais beaucoup plus loin grâce au vent nouveau qui souffle d’outre-Atlantique. La victoire sur Kiev est non seulement vue comme acquise mais semble en préfigurer beaucoup d’autres en Europe
Nous sommes le 18 février dernier et c’est la pause déjeuner à Riyad. Depuis près de deux heures déjà, envoyés spéciaux russes et américains discutent à bâtons rompus – pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine. Les palabres reprendront dans l’après-midi, mais pour l’instant les négociateurs passent à table. A Moscou, on se demande ce que les hôtes saoudiens leur ont concocté: des spécialités moyen-orientales? Des hamburgers? Des mets fins russes? Ou un mélange des trois? «La cuisine sera probablement européenne. Et ce sera la seule contribution du Vieux-Continent à ce moment historique», tacle le politologue proche du Kremlin Sergueï Markov.
Après le repas, les joues rosies par les agapes, Kirill Dmitriev, le patron du Fonds d’investissement direct russe (RDIF) devenu le principal go-between entre les deux pays, s’adresse brièvement à l’envoyé spécial de la Première Chaîne de télévision de Moscou pour dire combien l’ambiance du repas a été chaleureuse. Les convives ont même évoqué la possibilité de se retrouver bientôt à Moscou, ville trépidante «où tout n’est pas sombre comme le raconte CNN». «On a aussi beaucoup blagué», a poursuivi cet homme qui a fait ses classes dans la finance au sein de McKinsey et Goldman Sachs, comme si les Russes avaient retrouvé dans les personnes de Marco Rubio, Mike Waltz et Steven Witkoff de vieux amis après une longue éclipse. «Nous avons discuté du fait que deux grandes superpuissances ne peuvent pas ne pas communiquer, dialoguer et se comprendre», a conclu l’envoyé spécial du Kremlin.
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