CHRONIQUE. Les propos de Karin Keller-Sutter sur le discours anti-européen de J. D. Vance ont été qualifiés de pragmatiques – ils montrent aussi l’exercice d’équilibre auquel s’astreint la Confédération, qui ne pourra peut-être pas durer très longtemps et lui donne une drôle d’image, écrit notre chroniqueur

On laissera aux politiques le plaisir de se livrer aux controverses picrocholines sur le sens des propos de la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter. A-t-elle eu raison, un peu raison ou pas du tout raison de parler d’un «discours très libéral» et «très suisse»de J. D. Vance à Munich? A-t-elle cautionné ou non la brutalité et la grossièreté de Donald Trump et de ses factotums à l’égard de nos voisins européens, en particulier l’Allemagne? A l’heure de l’apéro, jeudi soir, les copains de la Brasserie de l’Imprimerie avaient tranché: la Suisse, comme toujours, cherche à ménager la chèvre et le chou. Ne pas froisser l’imprévisible président américain sans pour autant se mettre à dos nos partenaires économiques européens. Ici, à la table des habitués, les choses sont réduites à leur simplicité et à leur vérité.

On peut habiller la réalité avec les mots que l’on veut. Pragmatisme helvétique, culture de la tolérance, défense des intérêts du pays ou, au contraire, peur de déplaire, indétermination et opportunisme. Accusée par les Européens d’appliquer a minima les sanctions contre la Russie ou d’interdire la réexportation de matériel de guerre à l’Ukraine, la Suisse est régulièrement confrontée à la même accusation, celle de piquer les cerises sur le gâteau. La Stammtisch de notre brasserie, elle, est très partagée. Mais elle est inquiète: combien de temps les funambules Karin Keller-Sutter et Ignazio Cassis tiendront-ils en équilibre sur le fil entre les Etats-Unis et l’Europe?

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