La romancière suisse italophone vient de recevoir le Grand Prix suisse de littérature, la plus haute distinction littéraire du pays. Dans l’éclat froid d’une langue tout en retenue, son œuvre, traduite en 18 langues, saisit les incendies intimes qui pulsent sous la peau
Le Grand Prix suisse de littérature, plus haute distinction littéraire du pays, vient d’être remis, le 13 février, à Fleur Jaeggy, une autrice qui, dans ses livres comme dans la vie, cultive la retenue. Elle aime le silence, celui-là même qui entoure ses personnages, qui gît en eux à la façon d’un lac gelé où se reflètent les souvenirs. Le communiqué de l’Office fédéral de la culture, qui décerne le prix, précise qu’elle ne donnera pas d’interviews. Elle n’en a jamais donné ou presque. Depuis la toute fin des années 1980 et Les Années bienheureuses du châtiment, son quatrième roman, acclamé comme un chef-d’œuvre, de l’Italie, son pays d’adoption, aux Etats-Unis, elle se tient en retrait.
Au journaliste du New Yorker à qui elle a malgré tout ouvert la porte de son appartement, à Milan, en 2021, elle répète, mi-gênée, mi-amusée, qu’elle ne voit pas trop quoi lui dire si ce n’est que parler de soi est un effort. Et elle dévie la conversation sur sa chère machine à écrire Hermès, massive, couleur vert étang, fidèle messagère «qui a écrit tous ses livres».
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