Après avoir tenté d'imposer la loi martiale en Corée du Sud, Yoon Suk-yeol est accusé d'«insurrection». A l'audience du procès pénal jeudi, le dirigeant est resté silencieux, mais son avocat a dénoncé une «enquête illégale»

Elle était attendue. La première audience du procès pénal du président sud-coréen Yoon Suk-yeol, accusé d'«insurrection» pour avoir tenté d'imposer la loi martiale en décembre, s'est tenue jeudi devant le tribunal central de Séoul où l'avocat du dirigeant suspendu a soutenu que son client avait agi pour empêcher une «dictature législative». Ce crime est passible de la peine de mort ou de la prison à vie et qui n'est pas couvert par son immunité présidentielle.

Ce premier procès d'un président en exercice dans l'histoire de la Corée du Sud s'est ouvert à 10h (2h en Suisse) dans une salle bondée et sous d'importantes mesures de sécurité. La première audience, consacrée à des questions de procédure, s'est achevée environ 90 minutes plus tard.

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Arrêté le 15 janvier après s'être retranché pendant des semaines, protégé par sa garde rapprochée, dans sa résidence de Séoul, Yoon Suk-yeol a été inculpé le 26 janvier et placé en détention provisoire pour six mois, passé lesquels il devra être libéré s'il n'a pas été condamné d'ici-là. Le parquet, qui accuse le président d'être le «meneur d'une insurrection», a requis jeudi son maintien en détention, invoquant «la possibilité que l'accusé influence ou persuade les personnes impliquées dans l'affaire».

La loi martiale pour «alerter l'opinion publique sur la crise nationale»

Yoon Suk-yeol, présent à l'audience, n'a pas pris la parole. Son avocat, Kim Hong-il, a pour sa part demandé au tribunal d'annuler l'acte d'inculpation, fruit selon lui d'une «enquête illégale».

Le président conservateur avait plongé la Corée du Sud dans le chaos politique le 3 décembre en décrétant la loi martiale et en envoyant l'armée au parlement pour tenter de le museler. Il avait dû faire marche arrière six heures plus tard, les députés étant parvenus à se réunir en urgence et à voter une motion exigeant le retour au régime civil.

«La déclaration de la loi martiale n'avait pas pour but de paralyser l'Etat, mais plutôt d'alerter l'opinion publique sur la crise nationale provoquée par la dictature législative du parti dominant de l'opposition, qui avait paralysé l'administration», a plaidé jeudi son avocat. «Symboliquement, pour souligner le problème de la dictature parlementaire, seule une petite force de 280 soldats a été déployée, strictement pour maintenir l'ordre, avec des instructions claires selon lesquelles ils ne devaient pas être équipés de balles réelles. En outre, le déploiement effectif des forces n'a eu lieu qu'après la déclaration, et aucune personne n'a été blessée.»

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Sa destitution entre les mains de la Cour constitutionnelle

Ce procès pénal est distinct d'une autre procédure en cours devant la Cour constitutionnelle, appelée à confirmer ou infirmer la destitution de Yoon Suk-yeol votée le 14 décembre par l'Assemblée nationale.

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La Cour constitutionnelle doit tenir jeudi à 15h locales (7h en Suisse), quelques heures à peine après le début du procès criminel, sa dixième audience, probablement l'une des dernières avant que les huit juges ne se retirent pour délibérer. Ils ont jusqu'au 10 juin pour rendre leur verdict.

Si la Cour confirme la destitution, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, Yoon Suk-yeol sera réinstallé dans ses fonctions.