Un petit livre agile, pudique et bouleversant dessine tout un monde pour y faire revenir une sœur disparue

Dans Médecine générale (P.O.L, 2021) figure ce constat: «C’est la première fois que tu parles de toi.» C’est presque vrai: Olivier Cadiot s’est toujours caché derrière la figure d’un Robinson inventeur de méthodes de survie burlesques, bricoleur de cabanes, défricheur d’îles désertes. On entendait pourtant, comme surgissant d’un trou noir, une petite voix à peine perceptible qui cherchait à percer, «un appel vacillant dans le noir».

Comment les morts se rappellent-ils à notre attention quand elle se dérobe à eux? A la première page de Médecine générale, le corps du frère était présent, incarné, accompagné. La sœur, elle, restait inaudible. Il a fallu longtemps à l’auteur pour approcher le vertige de sa chute, pour remonter avec elle le tunnel noir où elle s’était jetée, pour la faire revenir de l’indifférence où elle était perdue.

Voir plus