Avec «Qui som?» à Genève, les Français Blaï Mateu Trias et Camille Decourtye offrent une pièce métaphysique burlesque, une danse pour exorciser les chagrins de l’époque. Chronique d’un enchantement

«Mais comment on a fait ça?» s’interroge, en magnifique effaré, l’acteur Blaï Mateu Trias, pilier de la troupe Baro d’Evel. «C’est venu comme ça», s’étonne sa complice Camille Decourtye, qui a cofondé avec lui en 2000 cette compagnie franco-catalane. C’est la fin ou presque de Qui som? à la Comédie de Genève et on rumine ce «ça» galvanique.

Quel est ce «ça» vu et ovationné debout par le public genevois? La fable d’une résistance à la désespérance des temps, la vie même aussi dans les doigts d’une bande d’allumeurs de réverbères, un jeu de plage encore, à moins que ce ne soit le songe de Mathusalem. Qui som?, c’est sa beauté, est la matière transfigurée d’une époque déboussolée.