EDITORIAL. Guy Parmelin présente une «entente commune» des partenaires sociaux pour aller de l’avant avec des mesures d’accompagnement. Pour la première fois on observe un changement de ton de la part du Conseil fédéral sur les bilatérales
En décembre dernier, le Conseil fédéral avait pris acte avec «satisfaction» de la fin des «négociations matérielles» avec l’Union européenne en vue de renouveler les accords bilatéraux qui permettent, rappelons-le, l’accès au plus grand marché du monde. Le gouvernement était satisfait du boulot de ses diplomates, mais il n’avait rien à dire sur la teneur de ces accords. Sont-ils bons ou non pour la Suisse? Ce n’est pas à lui de le dire, comme l’a encore répété Karin Keller-Sutter le week-end dernier dans un entretien au Temps. Difficile de se montrer plus distant.
Ce mercredi, le Conseil fédéral a livré un message qui montre davantage de confiance. Il l’a fait par la voix de Guy Parmelin qui parle d’une «première percée». Soyons clairs, il ne s’agit pas encore d’une appréciation du paquet d’accords avec Bruxelles, mais des négociations entre partenaires sociaux en Suisse pour trouver un terrain d’entente afin de relever le principal défi de ces accords: la protection des salaires. Ceux-ci, reconnaît le Conseil fédéral, sont menacés par une directive européenne sur le travail détaché. La bonne nouvelle est que les syndicats, les représentants patronaux et les cantons ont abouti à une «entente commune» pour en contrer les effets.
Au terme d’une soixantaine de réunions, ces partenaires sociaux se sont mis d’accord sur trois trains de mesures auquel le Conseil fédéral en ajoute un quatrième. Le but est de s’assurer que le niveau de vie des travailleurs – on parle essentiellement du secteur du bâtiment – ne soit prétérité par la concurrence étrangère. Il est question de révision du droit du travail, de garanties, de sanctions, de CCT ou encore de contrôles. Helene Budliger Artiega, qui s’avère particulièrement efficace et convaincante dans son rôle de médiatrice, a jusqu’à fin mars pour régler les détails et «transformer l’essai» comme le dit le ministre de l’économie.
On l’a compris, rien n’est réglé à ce stade et le diable se cache dans les détails. Les syndicats, qui partaient de très loin, restent extrêmement vigilants et le patronat n’est pas encore entièrement acquis. On observe néanmoins un changement de ton notoire de la part du Conseil fédéral et une volonté de travailler ensemble pour rester un partenaire privilégié de l’UE tout en maintenant une marge de manœuvre maximale. Cette négociation interne sur les mesures d’accompagnement n’est qu’une première étape vers une éventuelle acceptation finale des accords. Mais c’est un «pas positif» comme l’a justement relevé Guy Parmelin.