Pretoria s’est insurgé face aux publications du patron de Tesla, qui déclarait que le pays possédait «des lois sur la propriété ouvertement racistes». Il accuse le gouvernement de vouloir faciliter l’expropriation, alors que la majorité des terres sont détenues par une minorité blanche

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est plaint auprès d’Elon Musk de «la désinformation» ayant alimenté les déclarations du président américain Donald Trump et du magnat de la tech sur une prétendue «confiscation de terres» en Afrique du Sud, a déclaré mercredi son porte-parole.

«Nous avons manifesté notre préoccupation par rapport à la désinformation que nous avons perçue dans l’annonce du président Trump mais aussi dans sa propre réponse (celle de Musk, ndlr) à notre déclaration», a précisé le porte-parole Vincent Magwenya, interrogé sur le contenu d’un échange lundi entre Cyril Ramaphosa et Elon Musk, membre de l’équipe Trump et natif de Pretoria.

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«Pourquoi avez-vous des lois sur la propriété ouvertement racistes?», avait accusé lundi sur son réseau social X Elon Musk, première fortune mondiale, embrayant sur une déclaration du président Trump affirmant que l’Afrique du Sud «confisque des terres et traite TRES MAL certaines catégories de personnes». De son côté, la présidence sud-africaine avait réfuté toute intention de «confisquer des terres».

«Renforcer la compréhension d’Elon Musk» sur son propre pays

Il était «logique et plutôt important que le président échange avec lui (Elon Musk) afin de renforcer sa compréhension de ce qui se passe en Afrique du Sud (…). Compte tenu aussi de son influence au sein du cercle de Trump», a souligné le porte-parole sud-africain lors d’un point presse au Cap mercredi. La majorité des terres sont détenues en Afrique du Sud par la minorité blanche, héritage d’une politique d’expropriation de la population noire pendant l’apartheid et la colonisation.

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Une loi promulguée en janvier par le président, cristallise les peurs d’une frange de la population. Elle clarifie le cadre juridique des expropriations, sans nouveauté sur le fond de l’avis de la plupart des juristes. Le texte permet au gouvernement sud-africain, par mesure d’intérêt général, de décider d’expropriations sans compensation dans certaines circonstances exceptionnelles où cela serait «juste et équitable».

Pretoria intéressé par Starlink

Le porte-parole de la présidence sud-africaine a aussi rappelé que lors de précédents échanges avec Elon Musk, Cyril Ramaphosa avait manifesté «l’intention de le voir investir davantage en Afrique du Sud» avec un «intérêt particulier port[ant] sur Starlink».

L’abonnement à ce réseau de satellites, offrant une connexion internet sans raccordement terrestre, est commercialisé dans 17 pays africains, mais se fait encore attendre en Afrique du Sud, première économie du continent, butant sur la législation sur l’émancipation économique des Noirs.

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Pour obtenir une licence en Afrique du Sud, les investisseurs étrangers dans les télécommunications doivent compter 30% de leurs capitaux propres détenus par des groupes historiquement défavorisés, une politique créée pour remédier aux inégalités raciales datant de l’apartheid et la colonisation. Le régulateur sud-africain des télécommunications (ICASA) organise d’ailleurs de mercredi à vendredi des consultations publiques sur un nouveau cadre légal pour les services par satellite.