Le nouveau directeur de l'ONG prend ses fonctions dans un contexte politique difficile et alors que les dons diminuent en Suisse. Sauver des vies reste un devoir, diffuser le témoignage de ceux qui la risquent pour fuir l’horreur aussi

Voilà un symptôme éloquent de l’époque: Elliot Guy nous prie de ne pas divulguer l’adresse des modestes locaux de SOS Méditerranée Suisse, à Genève. Serait-il paranoïaque, le nouveau directeur de l’ONG fondée en 2015 afin de secourir les migrants en mer? Sa prédécesseure, Caroline Abu Sa’da, a été menacée un nombre «incalculable de fois». A Marseille, l’antenne française de l’organisation a été violemment envahie par un «commando» de 23 jeunes militants d’extrême droite, en 2018. Deux de ces membres de Génération identitaire ont été condamnés à de la prison ferme pour cette intrusion, les autres bénéficiant du sursis.

«Tendre la main à des personnes en détresse est devenu dangereux. C’est aberrant. Nous essayons seulement de sauver des vies», commente Elliot Guy. Plus de 41 000 en neuf ans, d’abord à bord de l’Aquarius, puis de l’Ocean Viking, dès 2019. Mais le rythme des sauvetages a considérablement ralenti ces dernières années. Car le contexte a considérablement changé.

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