Dans «Trois Sœurs», la romancière partait d’un fait divers pour approcher les violences domestiques. Avec «Epoque», elle pose un regard nécessaire et lucide sur notre rapport aux écrans
Au début d’Epoque, Lara, la narratrice du deuxième roman de Laura Poggioli, est une étudiante en psychologie clinique qui intègre un service de pédopsychiatrie pour un stage d’observation. Dans le cabinet des consultations en addictologie, elle voit défiler des adolescents drogués aux écrans, shootés aux images numériques et perclus de troubles anxieux. Leurs pathologies l’obligent à décortiquer les angles morts de sa propre jeunesse, avant l’ère du numérique mais déjà pleine de comportements à risque.
Sans jugement ni sévérité, en posant des mots simples sur des ressentis complexes, Laura Poggioli fait d’Epoque l’autopsie d’un drame contemporain: nos téléphones, tablettes et autres sources de lumière bleue excitent nos cerveaux mais dépriment nos liens sociaux. Des tout-petits biberonnés aux dessins animés par des parents débordés aux prédateurs dominants qui utilisent la technologie pour exercer un pouvoir toxique sur leurs victimes, ce roman vient nous rappeler que notre bonne santé mentale passe aussi par notre capacité à nous déconnecter.
Voir plus