Le marquage d’une piste cyclable par des militants anonymes d’Extinction Rebellion a motivé une enquête tous azimuts, révèle «Le Temps». Une jeune femme vient d’être mise en prévention et son avocat dénonce une recherche de preuves disproportionnée et trop intrusive

On se croirait dans une affaire de bandit de grand chemin ou d’escroc de haut vol. Surveillance rétroactive de télécommunications pour localiser les portables, ordre de dépôt de la documentation bancaire et des déclarations fiscales, recherche des achats effectués dans des grands magasins avec photos des articles concernés, analyse de la vidéosurveillance d’un commerce, informations sur toutes les réservations effectuées auprès de la compagnie EasyJet ou encore demandes d’adresses et contenus e-mails à Google et Microsoft avec commissions rogatoires internationales à la clé. En réalité, ces investigations tous azimuts, ordonnées par le très motivé procureur Walther Cimino, visaient à démasquer les activistes du climat ayant tracé une piste cyclable de couleur jaune sur le bitume genevois.

Apprenant la débauche de mesures dont a fait l’objet sa cliente, suspectée d’être une militante influente d’Extinction Rebellion, le non moins combatif Me Olivier Peter a demandé une mise sous scellés immédiate au motif que ces pièces relèvent de la sphère privée et du secret fiscal ou bancaire. En parallèle et en date du 30 janvier dernier, la défense a également saisi la Chambre pénale de recours afin d’obtenir l’annulation d’une ribambelle d’actes et le retrait des données ainsi collectées. Elle invoque notamment la «grossière disproportion» de la surveillance rétroactive dans une enquête visant un simple dommage à la propriété, dont le coût n’atteint pas le seuil de gravité fixé par la jurisprudence.

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