La romancière a reçu le Prix Strega avec ce roman situé dans les Abruzzes. Elle signe un très beau portrait de femme qui lutte contre le poids des non-dits

Blanc et acéré comme une canine, le sommet du Dente del Lupo surplombe farouchement le dégradé vert et brun de la hêtraie et des pâturages. Dans ce décor âpre et grandiose, au cœur des montagnes des Abruzzes, se déroule le nouveau roman de Donatella Di Pietrantonio: L’Age fragile.

Un drame s’est joué là, que tout le monde s’efforce d’oublier depuis. Le camping a fermé et plus personne ne s’aventure désormais dans les lieux. Avec un formidable instinct de survie, Doralice, la meilleure amie de la narratrice, Lucia, âgée comme elle de 20 ans à peine, a pu se sauver, blessée mais vivante, de sa rencontre avec la mort. Les deux jeunes touristes parties en excursion avec Doralice n’ont pas eu pareille chance. On retrouvera leurs cadavres dans la forêt, au pied d’une falaise. Comment expliquer une telle férocité de la part du jeune berger mutique et jusque-là sans histoire qui voulait violer l’une des jeunes filles? «L’isolement, je crois», expliquera la procureure, «il vivait en symbiose avec les moutons, il assistait aux accouplements. Il a vu trois belles filles, il en a voulu une.»