Film d'une folle ambition, «The Brutalist», de Brady Corbet, met en accusation toute forme de xénophobie à travers l'histoire d'un architecte juif hongrois, de la Deuxième Guerre mondiale aux années 1980. Un personnage… fictif

C'est peut-être déjà le film le plus ambitieux de l'année: un film indépendant américain, également tourné en Hongrie et en Italie, avec une bonne trentaine de producteurs au générique et dont le récit enjambe quatre décennies. A travers son histoire d'architecte génial réchappé de la Shoah, et qui bâtit son chef-d'œuvre sur commande d'un self-made-man milliardaire, The Brutalist entend délivrer un réquisitoire sans appel contre toute forme de xénophobie. Pour situer l'ampleur du projet et l'hubris du jeune réalisateur Brady Corbet, 36 ans, on ne voit guère que There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson ou Tar de Todd Field comme films comparables.

Cet ancien acteur, aperçu dans Mysterious Skin, Funny Games U.S. ou encore Melancholia, a certes été à bonne école, préférant la fine fleur du cinéma d'auteur européen à Hollywood. Passé réalisateur en 2015 avec The Childhood of a Leader, inspiré par une nouvelle de Sartre, puis Vox Lux, avec Natalie Portman en star musicale confrontée au terrorisme, ses premiers essais restés inédits en Suisse ont paru au mieux prometteurs, au pire prétentieux – sans doute un rien prématurés. Cette fois, hissé en compétition à la Mostra de Venise, il n'y a guère recueilli que des éloges. Il faudra néanmoins se préparer pour affronter ces plus de trois heures trente de projection, avec un entracte à la mi-temps.

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