En février 2022, un quinquagénaire, accusé de viol sur son épouse, a essayé de se suicider et de tuer son épouse en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron. La justice confirme la peine de 12 ans et 3 mois de prison

La Cour pénale neuchâteloise a confirmé mardi la peine de première instance, soit 12 ans et 3 mois de prison, pour le quinquagénaire, qui avait tenté en février 2022 de se suicider et de tuer son épouse en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron (NE). Le prévenu avait fait appel car il contestait les viols et la contrainte sexuelle.

La contrainte s’est exercée par la force physique, en créant un climat délétère avec des menaces et des injures et en faisant preuve de chantage, soit en demandant une contrepartie sexuelle à l’achat de vêtements. On peut estimer que «les viols se comptent en dizaines», rien que dans la dernière période de vie conjugale, a déclaré le juge Nicolas de Weck.

Ce dernier point dénote «une instrumentalisation des liens du mariage, qui entraîne un conflit de loyauté pour l’épouse qui ne peut que se résoudre à la soumission», a ajouté le vice-président du tribunal.

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Le juge: «Il est dans l’outrance»

La Cour a estimé que les déclarations de la plaignante étaient crédibles. La victime n’a pas cherché à charger l’accusé et a essayé pendant des années de sauver les meubles de l’union conjugale.

Au contraire de l’accusé, dont la crédibilité est faible. Ce dernier a cherché à hypersexualiser la plaignante. «Il est dans l’outrance et a fait des déclarations déconcertantes», a expliqué le juge.

La défense a essayé d’expliquer que «si l’accusé était jaloux et possessif, et qu’il a commis des actes inexcusables, il ne faut pas lui administrer une sorte de jugement global. Il n’y a pas eu de contrainte sexuelle», a déclaré l’avocat du prévenu Baptiste Hurni.

Selon la défense, l’ex-épouse avait «la possibilité de se dérober», si elle n’avait pas envie de relations sexuelles. «Elle avait de nombreuses possibilités de s’extirper, en allant par exemple aux toilettes car, alors, son mari s’endormait. Elle pouvait aussi crier ou appeler à l’aide son fils dans la chambre d’à côté ou son amie du Portugal qui logeait sur place», a expliqué l’avocate Zélie Jeanneret.

Une surveillance incessante

«L’expertise psychiatrique a montré que le prévenu a une libido intense, une hypersexualité, un caractère impulsif et qu’il n’est pas capable de s’autoréguler», a expliqué le Ministère public durant l’audience. La victime n’était pas «libre de ses faits et gestes et faisait l’objet d’une surveillance incessante», a précisé Nicolas Aubert.

Le procureur général adjoint a rappelé qu’une mesure thérapeutique institutionnelle avait été ordonnée en première instance pour faire baisser le risque de récidive. Comment peut-elle avoir un effet si «vous continuez à nier les violences sexuelles», s’est interrogé Nicolas Aubert. «Je ne force personne», a répondu l’accusé.

L’avocat de l’ex-épouse, Didier de Oliveira, a déclaré: «Ma cliente vivait dans un climat de terreur. Les menaces de mort étaient quotidiennes. Sa crainte de mourir était omniprésente.»

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«Ma cliente est terrorisée à l’idée que son ex-époux sorte de prison»

L’ex-épouse, qui souffre de nombreuses séquelles physiques et psychiques en lien avec le drame, n’était pas présente à l’audience. «Ma cliente est terrorisée à l’idée que son ex-époux sorte de prison. De plus, on constate que le prévenu n’a pas de remords et qu’il est dans un déni total», a ajouté Didier de Oliveira.

Le jugement du Tribunal criminel des Montagnes neuchâteloises était assorti de mesures thérapeutiques institutionnelles et d’une expulsion de dix ans du territoire suisse. Le prévenu était arrivé du Portugal en Suisse en 2013.

L’affaire avait agité le canton car le prévenu s’en était pris le 15 février 2022 à sa femme, alors qu’une mesure d’éloignement avait été ordonnée, en raison d’un épisode de violence survenu quelques jours auparavant.

Le prévenu avait tenté par la suite de se suicider et de tuer son ex-épouse en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron, un point de vue dominant le Doubs. La voiture avait plongé de 135 mètres et s’était immobilisée en contrebas grâce à des arbres.