Le travailliste, après dix ans à la tête de l’Alliance atlantique, rejoint un gouvernement minoritaire et à la peine dans les sondages. Il avait déjà occupé ce poste dans les années 1990, avant de devenir premier ministre à deux reprises
L’ex-chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a été nommé mardi ministre des Finances en Norvège, endossant un poste stratégique alors qu’une guerre commerciale transatlantique menace et que le gouvernement travailliste peine dans les sondages. «Je n’avais pas prévu d’être ici», a-t-il déclaré en prenant possession de son bureau, en précisant que «oui était la seule réponse correcte» quand le premier ministre Jonas Gahr Støre – un ami proche – l’a sollicité la semaine dernière. Evoquant les risques de guerre commerciale, il a souligné l’importance de «faire tout ce qu’on peut pour se prémunir contre la création de barrières commerciales contre la Norvège».
Lui-même premier ministre de 2000 à 2001 puis de 2005 à 2013, Jens Stoltenberg, 65 ans, a été secrétaire général de l’Alliance atlantique de 2014 à 2024, entretenant de bonnes relations avec le président américain Donald Trump pendant son premier mandat. Economiste de formation, il a déjà été dans les années 1990 ministre de l’Industrie puis des Finances dans le pays nordique, richissime grâce à ses immenses ressources énergétiques (hydrocarbures, hydroélectricité…).
Sa nomination intervient après l’implosion de la coalition gouvernementale: en désaccord avec l’application de directives européennes sur l’énergie, le parti du Centre, petite formation eurosceptique, a claqué la porte jeudi dernier. Ce départ a laissé les travaillistes seuls au pouvoir, dans un gouvernement désormais ultra-minoritaire au Parlement, et obligé Jonas Gahr Støre à trouver huit nouveaux ministres pour remplacer les démissionnaires, dont celui des Finances. «Donnez-nous une chance de montrer qu’on peut diriger la Norvège d’une manière sûre sur la base de valeurs sociales-démocrates modernes», a dit M. Støre lors d’une conférence de presse.
Selon des commentateurs, le retour – inattendu – de cette personnalité très populaire au sein de la population norvégienne devrait redonner des couleurs aux travaillistes, à la peine dans les sondages à sept mois des prochaines élections législatives. «Une puissante injection de vitamines», a estimé le commentateur politique de TV2, Aslak Eriksrud.
Ses liens avec Donald Trump pourraient aussi s’avérer utiles alors que la Norvège, qui n’est pas membre de l’Union européenne (UE), redoute de faire les frais d’une possible guerre commerciale entre les Etats-Unis et l’Europe. Donald Trump a agité la menace d’imposer des droits de douane à l’encontre du Vieux Continent, une menace à laquelle les Vingt-Sept ont affirmé qu’ils répliqueraient.
Après son départ de l’OTAN, Jens Stoltenberg a aussi été nommé président de la conférence de Munich sur la sécurité (MSC), le «Davos de la défense» qui rassemble chaque année l’élite de la géopolitique mondiale dans la capitale bavaroise. Il renonce à cette fonction le temps de son engagement ministériel, a indiqué la MSC dans un communiqué mardi. Après cette recomposition, le gouvernement norvégien compte désormais cinq survivants du massacre d’Utøya perpétré le 22 juillet 2011 par l’extrémiste de droite Anders Behring Breivik.