A l’Alchimic, Patrice Leconte se moque d’un journaliste obsédé par son vis-à-vis vivant dévêtu. Plus amusant que… poilant, ce spectacle stigmatise le regard sur autrui
Nu, du matin au soir. Pour regarder la télé, cuisiner, manger, taper sur son ordi, ranger son appartement – à l’exception de ses habits, évidemment… Tel est l’habitus du voisin de François, journaliste en télétravail, occupé à écrire des «articles de merde pour des magazines people», dixit la pièce, et dont la vie est totalement phagocytée par cette nudité affichée. Pourquoi, au fond? Pourquoi François se laisse-t-il ainsi happer par ce voisin dénudé?, lui demandent sa petite copine et son meilleur ami. Avec cette comédie à la fois buñuelienne et hitchcockienne, à voir au Théâtre l’Alchimic jusqu’au 9 février, le réalisateur et scénariste Patrice Leconte interroge nos parts refoulées. Une dimension soulignée par Thierry Piguet dans sa mise en scène où, aux côtés d’un Frédéric Polier un peu essoufflé, s’illustrent Sarkis Ohanessian en ami goguenard et Nathalie Boulin en amante délurée.
On ne voit pas assez Nathalie Boulin sur nos scènes. A la fois solaire et sagace, la comédienne a toujours sidéré par sa capacité à défendre des partitions musclées sans ciller. C’était déjà le cas, en 2017, dans Et jamais nous ne serons séparés, pari risqué et réussi du regretté Andrea Novicov, qui montait alors un Jon Fosse comme du Feydeau.
Voir plus