Loren AliKhan, une juge fédérale, estime que jusqu'à 3000 milliards d'allocations et de subventions sont concernés par le gel. Selon elle, la Maison-Blanche a outrepassé son rôle, les affectations budgétaires étant «réservées au Congrès»
Une juge américaine a prolongé lundi la suspension du gel des subventions publiques, décidé la semaine dernière par le président Donald Trump, livrant une critique en règle de cette mesure qui avait provoqué une grande confusion au sein de l'appareil d'Etat fédéral.
Le point de départ est un mémo publié lundi 27 janvier par la Maison-Blanche demandant aux ministères et agences de geler des dépenses «d'assistance» − subventions et allocations notamment − et d'en faire une revue d'ensemble afin de s'assurer de leur conformité avec «les priorités présidentielles».
L'exécutif américain «n'a présenté aucune explication sur sa nécessité de geler toute l'aide financière fédérale avec moins de 24 heures de préavis», a écrit Loren AliKhan dans son jugement.
La mesure avait créé une grande confusion au sein des services fédéraux et avait été suspendue temporairement par la justice le lendemain. La Maison-Blanche avait annulé le mémo tout en avertissant que la volonté de Donald Trump de geler des aides publiques restait d'actualité.
Une manoeuvre «hypocrite», a écrit la juge lundi, estimant que les plaignants − une coalition d'associations notamment − subiraient de «dommages irréparables» si la mesure était mise en place.
La juge fédérale, nommée par l'ancien président démocrate Joe Biden, a prolongé sa suspension. Selon la magistrate, jusqu'à 3000 milliards d'allocations et de subventions étaient concernés par le gel, «une somme bien trop vertigineuse pour être gelée quasiment du jour au lendemain». Elle a aussi estimé que la Maison-Blanche a outrepassé son rôle en s'impliquant dans des affectations budgétaires, une fonction «réservée au Congrès».
Reconnaissant le droit de l'exécutif de passer en revue l'ensemble des dépenses, la juge a souligné qu'il pouvait le faire «sans priver l'accès de millions d'Américains à des ressources vitales».
Les nombreuses contestations devant les tribunaux pourraient remonter jusqu'à la Cour suprême, dotée d'une large majorité conservatrice favorable au président.