Human Rights Watch rapporte que les autorités chinoises maintiennent des «restrictions» pour les voyages des Ouïghours, les font promettre de ne pas critiquer Pékin lors de leur séjour. Ils sont également soumis à des interrogatoires à leur retour
La Chine a assoupli les restrictions de voyage pour les Ouïghours mais maintient des «contrôles sévères» pour ceux qui souhaitent voyager à l'étranger ou se rendre dans le Xinjiang, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié lundi. Le rapport se fonde sur des entretiens avec 23 Ouïghours résidant à l'étranger et sur des documents officiels chinois.
L'Etat-parti chinois est accusé de détenir plus d'un million de Ouïghours et d'autres membres de minorités musulmanes dans des camps de cette région du Nord-Ouest, dans le cadre d'une campagne que l'ONU a qualifiée de possible «crime contre l'humanité». La Chine nie fermement ces accusations, affirmant que ses politiques ont permis d'éradiquer l'extrémisme religieux au Xinjiang et d'y favoriser le développement économique.
Depuis le milieu des années 2010, les autorités chinoises ont détenu de nombreux Ouïghours ayant des liens avec l'étranger et confisqué leurs passeports, selon des chercheurs, des militants et des témoignages de membres de la diaspora.
Une partie de ces documents confisqués ont commencé à être rendus et certaines demandes de voyage à l'étranger acceptées, note HRW. Mais les autorités chinoises maintiennent des «restrictions, des conditions et des contrôles sévères» pour ceux qui en font la demande, ajoute l'ONG.
Ce léger assouplissement «a permis à certains Ouïghours de se réunir brièvement avec leurs proches à l'étranger après des années sans nouvelles», mais les restrictions sont toujours utilisées pour «les réprimer», affirme Yalkun Uluyol, chercheur chez HRW.
Les Ouïghours souhaitant voyager à l'étranger doivent indiquer l'objet de leur déplacement, rentrer à une date précise et promettre de ne pas critiquer le gouvernement chinois lors de leur séjour, selon le rapport. Ils sont par ailleurs rarement autorisés à voyager avec des membres de leur famille et font souvent l'objet d'interrogatoires à leur retour, ajoute HRW.
L'ONG affirme également que les Ouïghours en visite en Chine avec des passeports étrangers doivent attendre pendant longtemps avant d'obtenir un visa. Une fois sur place, ils sont interrogés et ont leur interdit de passer la nuit chez leurs proches. Certains ont été invités à participer à des visites guidées organisées par le gouvernement, qui donnent, selon HRW, une image «biaisée» des progrès supposés du Xinjiang.
Selon les témoignages de survivants, les camps gouvernementaux du Xinjiang sont le lieu de violences, d'agressions sexuelles, de travail forcé et d'endoctrinement politique.
La Chine affirme que ces installations étaient des centres de formation volontaires qui ont été fermés depuis que les participants ont «terminé leur formation».
Les Etats-Unis ont qualifié le traitement des Ouïghours par Pékin de «génocide».