Dénonçant une inégalité salariale, les techniciens en radiologie médicale de l’Hôpital fribourgeois ont lancé lundi une grève que le Conseil d'Etat juge illicite
Les techniciens en radiologie médicale (TRM) de l’Hôpital fribourgeois (HFR) ont lancé lundi une grève jugée illicite par le Conseil d'Etat. Réunis ce matin, les grévistes ont voté à l’unanimité une résolution exigeant que le gouvernement entre en négociation sur une hausse de salaire et une réévaluation de leur profession.
Les TRM grévistes laissent au Conseil d'Etat un délai de 24 heures pour entrer en matière sur leurs revendications. Ils se rassembleront à nouveau mardi à midi pour décider s’ils continuent la grève prévue jusqu’à vendredi mais qui pourrait se poursuivre au-delà, a indiqué devant les médias Gaétan Zurkinden, secrétaire régional Syndicat des services publics (SSP), très actif dans ce dossier.
Lancée ce matin par un rassemblement dans le hall de l’hôpital cantonal, l’action est suivie par 80% des un peu plus de 100 TRM que compte le HFR, selon les grévistes. Soutenus par les syndicats Unia et Syna et la Fédération des associations du personnel du service public ainsi que le PS et les Vert-e-s notamment, ils indiquent assurer le «service minimal», soit les urgences et les traitements essentiels.
«Nous sommes comme des rayons X: invisibles», peut-on lire sur les nombreuses pancartes brandies par les grévistes réunis lundi en matinée devant les médias pour présenter leurs doléances. Ou encore «Sous le scanner, tout est clair, sauf nos salaires».
Découvreznotre suivi de l’actualité fribourgeoise.
La revendication des TRM est double: ils dénoncent une inégalité de traitement salariale par rapport à d’autres professions de niveau bachelor HES et requérant une formation équivalente. Alors que le Conseil d'Etat a récemment décidé de les maintenir en classe 17 cinq ans après une demande de réévaluation, ils demandent une augmentation en classe 19 au moins.
Ces professionnels de santé qui effectuent notamment radiographies et IRM et qui dispensent les chimiothérapies lors de cancers critiquent aussi la récente dévaluation de leur profession dans le système d’évaluation de l’Etat de Fribourg (Evalfri). Ils craignent que cette dévaluation ne se solde à l’avenir par une baisse de salaire.
Les TRM attirent l’attention sur un métier de plus en plus technique qui demande de jongler en parallèle avec plusieurs tâches et où la communication avec les patients est cruciale. La dévaluation de leur profession au niveau de trois critères (planification et organisation, communication orale et formation des apprentis) dans le système Evalfri interne à l’Etat est injustifiée, selon eux.
Le Conseil d'Etat avait jugé la semaine dernière que la grève est disproportionnée et illicite. Les grévistes s’exposent à des sanctions, avait-il encore indiqué.
Selon le gouvernement, les salaires des TRM fribourgeois sont les «tout à fait concurrentiels». En comparaison avec d’autres cantons, la rémunération des TRM de l’HFR est l’une des plus élevées derrière le canton de Genève, selon le gouvernement. Colloqué en classe 17, le salaire mensuel d’un TRM est de 5950 francs en début de carrière et de 8997 francs en fin de parcours professionnel, hors indemnités.
Les grévistes balaient ces arguments d’un revers de main. Les indemnités étant plus élevées ailleurs, notamment pour le travail de nuit, la comparaison basée uniquement sur le salaire n’est pas adéquate, selon eux.
Contacté, le HFR a in en fin de matinée que le service minimum est garanti, c’est-à-dire les urgences et les traitements essentiels notamment dans le domaine oncologique et pour les patients hospitalisés. En tout, 150 rendez-vous ont dû pour l’instant être reportés, a précisé la responsable de communication du HFR, Catherine Favre Kruit.