CHRONIQUE. Tous les lundis, l’écrivain Metin Arditi partagera ses indignations, ses coups de griffe et ses coups de cœur dans un court billet intitulé «Cavalier seul», du nom des chroniques du célèbre essayiste du «Figaro» André Frossard; il reste un modèle pour l’auteur, entre autres, de «L’enfant qui mesurait le monde» ou du «Turquetto»

Je me souviens de l’instant précis où j’ai appris la mort d’André Frossard. Le matin du 3 février 1995, alors que je cherchais sa chronique dans Le Figaro, je découvrais sa nécrologie. J’en avais eu le cœur serré. Depuis de longues années, la lecture de son billet m’offrait un plaisir délicat. De Frossard, je partageais toutes les valeurs. Sans réserve. Ses chroniques étaient chaque fois piquantes et profondes, souvent très drôles: «Tout le monde sait que les communistes italiens sont les plus intelligents d’Europe, et pour deux raisons: ils sont Italiens et ils ne sont pas communistes.» Et ce titre… Cavalier seul. Je n’en connais pas de plus donquichottesque. Pas là pour caresser la bête dans le sens du poil, nous dit-il.

La dernière chronique d’André Frossard était parue le jour de sa mort. Jour, aussi, de mes 50 ans. Frossard était alors âgé de 80 ans. L’âge qui est le mien depuis hier. Ma première chronique au Temps, intitulée comme le seront les suivantes Cavalier seul – avec l’accord du Figaro, que je remercie chaleureusement – paraît pile trente ans plus tard: la dernière chronique d’André Frossard datait du 2 février, la mienne du 3. C’est parti, Rossinante!


«Comment je suis devenu juif en dix leçons (avant de virer parano)», l'inédit de Metin Arditi publié à l'été 2024 dans Le Temps, est devenu depuis un livre des éditions Georg, publié dans la collection Kraft

Un portrait, signé Rinny Gremaud: Metin Arditi, un polymathe en paix avec lui-même