A trois semaines des élections allemandes, les chrétiens-démocrates ont imposé l’immigration comme thème de campagne, quitte à se faire aider par l’AfD. Une tactique risquée et décriée qui bouleverse la campagne, et qui a échoué vendredi au Bundestag
Quelle semaine! Rarement les débats parlementaires auront été aussi chaotiques, pesants et lourds de conséquences en Allemagne. Il y a eu, tout d’abord, le vote mercredi 29 janvier d’une résolution sur l’immigration présentée par les chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et approuvée avec les voix de l’extrême droite. Une première dans l’histoire de la République fédérale. Le moment a été qualifié d’historique au sein des deux bords politiques: négativement par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, et très positivement par le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui s’est félicité de la «chute du cordon sanitaire» autour de l’extrême droite et, depuis, jubile. Quelques heures plus tôt, ce même Bundestag avait consacré une heure aux commémorations des 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz.
Ce vendredi 31 janvier, nouveau chaos parlementaire. Les mêmes chrétiens-démocrates de Friedrich Merz, accusés d’avoir rompu ce cordon sanitaire, ont présenté un texte de loi sur «la limitation de l’afflux migratoire». Ce texte proposait notamment de suspendre le regroupement familial pour les réfugiés possédant une protection subsidiaire et de renforcer les pouvoirs de la police. Or il aura fallu attendre une interruption de séance de quatre heures pour que les débats commencent. Durant cet intervalle, les partis traditionnels ont tenté de trouver un compromis de dernière minute pour reporter les débats. Sans succès. Durant les deux heures de délibérations très tendues qui ont suivi, chacune des diverses formations a rejeté la faute de cet échec sur les autres, tandis que l’AfD, sereine, s’est félicitée que l’ensemble des mesures migratoires débattues proviennent de son programme. Au final, il aura manqué quelques voix, dont 12 au sein de la droite classique, pour que le texte ne soit adopté. Une déception pour les chrétiens-démocrates et pour l’extrême droite, mais un soulagement pour les partis de gauche.
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