La metteuse en scène franco-suisse électrise Marguerite Duras et son «Amante anglaise» à Genève avant le prestigieux Théâtre de l’Odéon à Paris. Parole d’une extra-douce

La douceur est sa lame de fond. Emilie Charriot fend l’océan des ombres avec la clairvoyance intrépide d’une aiguilleuse du ciel. Ces jours au Théâtre Saint-Gervais à Genève, la metteuse en scène électrise L’Amante anglaise, son nouveau spectacle créé au Théâtre de Vidy en novembre. Elle y entraîne un trio superbe d’aventuriers du texte, Dominique Reymond, Nicolas Bouchaud et Laurent Poitrenaux. Chacun d’entre eux est dépositaire d’une part de la légende théâtrale des années 2000. Au service de Marguerite Duras, ils frappent leurs coups comme naguère Roger Federer, ils liftent la balle, patientent au fond du court, avant de porter l’estocade. Vous avez dit sublime?

Emilie vient d’avoir 40 ans. Sur le court de ses rêves, sa vie a changé d’allure. C’est elle qui l’affirme avec une gaieté laineuse, dans le bistrot genevois où on s’est donné rendez-vous. Son plaisir, ces jours, c’est de voir son Amante anglaise se dévoiler chaque soir autrement, sentir que ses interprètes – qu’elle admirait déjà quand elle avait 20 ans, sans imaginer qu’un jour elle serait leur sherpa – y trouvent leur bonheur. Cette pièce est un cap dans sa cartographie. N’aura-t-elle pas droit en mars aux honneurs du Théâtre de l’Odéon à Paris, cette maison hantée par les plus grands, aujourd’hui dirigée par le talentueux Julien Gosselin?

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