Avec le Théâtre du Radeau, l’artiste français décédé en 2022 a marqué les songes de générations de spectateurs. A l’affiche à Lausanne, son «Par autan» promet une fugue rare. Spécialiste de l’œuvre, Eric Vautrin en donne les clés
La grâce chez François Tanguy ne tient qu’à un fil. Et il ne sert à rien d’en chercher le sens. Depuis presque quatre décennies, les spectacles de ce tisserand magnétique et du Théâtre du Radeau s’apparentent à une extension de la chambre des songes. Par autan, le dernier qu’il ait signé, avant de mourir soudainement à 64 ans au mois de décembre 2022, est fait de cette encre-là, encre de poète somnambule, c’est-à-dire passe-muraille, selon la belle formule de l’écrivain Marcel Aymé.
A l’affiche du Théâtre de Vidy, Par autan a la hardiesse et l’insolence enfantines d’un vol d’étourneaux dans l’orage du soir. On devrait y évoluer en apesanteur, dans le sillage de Laurence Chable, de Martine Dupé, de Vincent Joly et de leurs camarades du Radeau. Ils sont dans le vent doux d’autan, ils se laissent déporter par son souffle, inspirer par une lointaine noce – La Noce d’Anton Tchekhov perle dans le spectacle –, hanter encore par des textes de Robert Walser, cet éclaireur des marges.
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