Depuis plusieurs mois, un ou des maîtres chanteurs sévissent et se rient des enquêteurs. Ce dossier délicat, en main du Ministère public de la Confédération, illustre les problèmes issus de prérogatives ayant souvent perdu de leur sens. Un projet est en gestation à Berne
Avec l’affaire des colis piégés qui explosent à Genève, l’image des autorités de poursuite pénale de la Confédération en prend un sacré coup. Depuis plusieurs mois, une sorte de «Unabomber», version locale et peut-être moins solitaire, se rit des enquêteurs et sème une bonne dose d’effroi au sein de la manufacture horlogère Patek Philippe, cible privilégiée des menaces, des demandes de rançon et des envois minés. La libération successive des deux seuls suspects – des frères interpellés juste avant Noël – achève de démontrer que cette instruction, certes difficile, piétine sérieusement.
Pour faire taire certaines critiques et partager le poids de ses errements, le parquet fédéral évoque une «collaboration optimale» avec la police genevoise. Mais dans la bouche de la commandante de cette police, la parfaite idylle sonne différemment. Monica Bonfanti rappelle que ce sont les autres qui dirigent et qui décident de la stratégie en raison des prérogatives liées à l’usage d’explosifs: «L’enquête est conduite par la police judiciaire fédérale, qui formule des demandes d’appui auprès de la police cantonale de Genève.»
Voir plus