Jeune maman, Leslie Jamison divorce. De cette expérience douloureuse, l’essayiste américaine fait un récit tendu vers la réconciliation intérieure
«Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature […] Etre éternel, rassemble autour de moi l’innombrable foule de mes semblables; qu’ils écoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères»: ainsi s’annonçait Rousseau en préambule des Confessions, ouvrant la voie à un genre autobiographique qui n’en finit pas de réinventer ses formes dans une époque tournée vers le récit de soi – qu’il s’étale sur les réseaux sociaux ou dans l’actualité littéraire. Rédigeant ses Mémoires au fond d’un café new-yorkais, surveillant l’heure d’aller retrouver sa fille de quelques mois, entourée de bobos branchés dissertant sur le postcolonialisme en dévorant d’énormes cookies, l’Américaine Leslie Jamison s’en remettait-elle à l’incantation rousseauiste?
Non, car un autre mantra occupait alors son esprit: «Tu vas bien, tu vas bien, tu vas bien.» Quelques formules magiques se détachent ainsi d’Esquilles, son quatrième ouvrage à paraître en français. Certaines sont des phrases que l’autrice se répète pour affronter son divorce, les vertiges de la vie de mère célibataire ou sa détermination à ne pas répéter les schémas toxiques du passé. Ainsi, pour couper court aux scénarios catastrophes qui l’envahissent aussitôt qu’elle dépose le bébé chez son ex-mari, elle convoque la voix de sa psychologue: «Vous voyez le départ du chemin qu’empruntent ces pensées, mais vous n’avez pas à les suivre» – un principe que chacun peut faire sien.
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