Le conseiller national saint-gallois annoncera officiellement mardi sa candidature pour la succession de Viola Amherd. Son prédécesseur à la tête de l’USP, l’UDC Hansjörg Walter avait lui échoué

Markus Ritter est désormais l’un des grands favoris à la succession de Viola Amherd au Conseil fédéral. Son parti cantonal a annoncé une conférence de presse en sa présence pour mardi. C’est devenu un secret de polichinelle, le président de la très puissante Union suisse des paysans se lancera bel et bien dans la course. Pas de répétition de la plaisanterie d’une autre Saint-Galloise, l’UDC Esther Friedli qui avait convoqué toute la presse en 2022 pour annoncer qu’elle ne serait pas candidate à la succession d’Ueli Maurer.

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Après les retraits de Gerhard Pfister et Martin Candinas, Markus Ritter a de réelles chances de rejoindre sa compatriote Karin Keller-Sutter au gouvernement. Au parlement fédéral, il est l’un des élus les plus influents. De par sa casquette de président de l’Union suisse des paysans, mais aussi car il siège dans la très prisée commission de l’économie et des redevances. Ancien directeur de l’Union suisse des paysans, le PLR fribourgeois Jacques Bourgeois connaît fort bien Markus Ritter: «Il ne s’engage jamais à moitié. Il ne lâche rien et n’hésite pas à aller au front pour l’emporter. D’ailleurs, il a connu de nombreux succès dans le domaine agricole.» Un conseiller fédéral doit aussi manier l’art du compromis, d’autant plus que le représentant du Centre joue souvent le rôle de pivot. Le Fribourgeois est d’avis que Markus Ritter peut tout à fait être collégial.

Fin stratège

Peu connu en Suisse romande où durant de longues années, c’est Jacques Bourgeois qui a porté la voix des paysans, Markus Ritter est par contre très présent dans les médias alémaniques. Son français est encore un peu fédéral, mais contrairement à d’autres élus, il n’hésite pas à s’exprimer dans la langue de Molière. Sous la Coupole fédérale le citoyen d’Altstätten est réputé pour bien maîtriser ses dossiers et être un fin stratège. Ce sens politique lui avait permis d’être élu en 2012 à la tête de l’Union suisse des paysans, après avoir rejoint le Conseil national en 2011. A l’USP, il l’avait notamment emporté face à un autre conseiller national, l’UDC bernois Andreas Aebi. «Il va tout faire pour y arriver» prédit Jacques Bourgeois. Par ailleurs Markus Ritter avait déjà annoncé qu’il ne briguerait pas en 2028 de nouveau mandat à la tête de la faîtière agricole.

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Du côté de l’Union suisse des paysans, l’élection de son président serait fort appréciée, même si Jacques Bourgeois souligne que le monde agricole est déjà bien représenté au gouvernement avec notamment Guy Parmelin. A gauche, certains considèrent d’ailleurs que ce lobby est surreprésenté au sein du collège.

L’élection de Markus Ritter serait une première selon Jacques Bourgeois. Jamais un président de l’USP n’a été élu au Conseil fédéral. Même si le prédécesseur de Markus Ritter, Hansjörg Walter aurait pu l’être à deux reprises.

Les deux échecs de Hansjörg Walter

Tout d’abord en 2008. Une partie du parlement rêvait de refaire le coup réussi avec Eveline Widmer-Schlumpf. Petit retour historique: pour la succession de Samuel Schmid, l’UDC avait décidé de présenter ses deux poids lourds Ueli Maurer et l’ancien conseiller fédéral Christoph Blocher. Ce ticket avait fortement déplu à la gauche et à une partie du centre droit qui s’étaient mis d’accord sur le nom de Hansjörg Walter. Au second tour, le Thurgovien était encore en tête, et au troisième tour, il lui a manqué une voix pour s’imposer face à Ueli Maurer… la sienne. Mis sous une très forte pression par son parti, il avait annoncé qu’il refuserait une éventuelle élection de peur d’être expulsé de sa formation politique.

En 2011, suite au retrait de dernière minute de Bruno Zuppiger, il avait été désigné comme candidat officiel de l’UDC. Mais une campagne éclaire ne lui avait pas permis de reprendre le siège d’Eveline Widmer-Schlumpf.

Cette semaine s’annonce décisive dans la course à la succession de Viola Amherd. Les intéressés ont jusqu’au 3 février pour déposer leur candidature. Mis à part, Markurs Ritter, la conseillère aux Etats lucernoise Andrea Gmür, le conseiller national zurichois Philipp Kutter et le ministre valaisan Christophe Darbellay pourraient se lancer dans la bataille. Le groupe parlementaire du Centre sélectionnera son ticket de finalistes le 21 février. Et l’Assemblée fédérale fera son choix le 12 mars.

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