CHRONIQUE. Pourquoi Le Centre ne parvient-il pas à trouver un candidat à la succession de Viola Amherd? Peut-être parce que le Conseil fédéral ne fait plus rêver, estime notre chroniqueur
Garçon de café, infirmière, conseiller fédéral, contremaître en maçonnerie, recteur ou rectrice de l’Université de Neuchâtel, il y a vraiment des jobs où la Suisse a des problèmes avec la pénurie de personnel. Salaires, manque d’attractivité, boulot absurde, absence de perspectives de carrière, horaires du week-end ou trop peu de flexibilité pour une vie de famille harmonieuse? Le Centre, par exemple, qui depuis dix jours recherche une ou un successeur à la conseillère fédérale Viola Amherd, a reçu des réponses aussi enthousiastes que s’il s’agissait du poste de premier ministre français. Cela en devient vexant pour les titulaires.
Bon, quand même, le job de conseiller fédéral, pour qui s’en donne la peine, peut ouvrir de belles perspectives: président du monde, ou tout au moins de l’Assemblée générale de l’ONU, comme Joseph Deiss, secrétaire général du Conseil de l’Europe à l’exemple d’Alain Berset, présidente de Swiss Olympic à l’instar de Ruth Metzler ou encore écrivain à la manière de Didier Burkhalter. Mais les candidats pressentis font la fine bouche. Pour l’un, c’est un boulot qui manque de liberté d’initiative, pas assez d’échanges d’idées. «Je n’y serais pas à l’aise», dit-il. Un élu des Grisons renonce car «cela n’allume pas le feu intérieur en [lui]». Une sénatrice fribourgeoise renonce car «l’envie [lui] manque». Et d’autres candidates potentielles n’ont même pas eu à trouver d’excuses. Conseiller fédéral, un bullshit job, ce que les Français traduisent à peine plus élégamment par un «boulot à la con». Celui qui vous donne le sentiment de n’être là que pour remplir une case dans l’organigramme. Un boulot dont on ne voit pas vraiment le sens.
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