Trente ans après la mise en œuvre d’une politique des quatre piliers pionnière dans le monde, la Suisse reste confrontée à un grave problème de stupéfiants. Dans un livre collectif, l’expert Frank Zobel plaide pour «une paix avec les drogues»

Dans les années 1990, les scènes ouvertes de la drogue, notamment celles du Platzspitz et du Letten à Zurich, avaient fait l’objet d’une couverture médiatique mondiale. Trente ans plus tard, la crainte de revivre une telle situation – et son lot d’images dantesques – ressurgit. En juin dernier, la Commission fédérale pour les questions liées aux addictions (CFANT) a lancé un appel urgent à prendre des mesures pour lutter contre le crack, une drogue dont la consommation est en hausse exponentielle. C’est dans ce contexte que paraît un ouvrage collectif qui retrace plus de cinquante ans de politique fédérale en la matière: La Suisse et les drogues, dans lequel Frank Zobel plaide pour «une paix avec les drogues».

Au XXe siècle, il n’y a pas que les scènes ouvertes qui sont remarquées. La réponse des autorités helvétiques l’est tout autant. En 1993, la conseillère fédérale Ruth Dreifuss se rend au Letten avant de mettre en œuvre la politique des quatre piliers (prévention, thérapie, réduction des risques et répression). Coup sur coup, en 1997 et 1998, le peuple balaie deux initiatives à plus de 70%, l’une très répressive («Jeunesse sans drogue») et l’autre très ouverte («Droleg»). Cela conforte le Conseil fédéral dans l’idée de tabler sur une voie médiane novatrice.

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