Au nom de ses bons offices, Berne indique que toutes les parties sont informées de sa disponibilité pour accueillir des réunions de paix. Mais la Suisse n'en prendra pas l'initiative. Donald Trump dit préparer une rencontre avec Vladimir Poutine. La Russie est réceptive

La Suisse est disposée à accueillir un sommet entre les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine s’ils devaient en faire la demande. «Suite au Sommet du Bürgenstock, l’Ukraine, la Russie et les Etats-Unis ont été régulièrement informés de notre disponibilité à soutenir tout effort diplomatique permettant d’établir la paix», confirme au Temps Nicolas Bideau, le chef de la communication du DFAE. Toutes les parties, c’est-à-dire les Etats-Unis, la Russie et l’Ukraine.

Donald Trump, qui prendra la fonction présidentielle le 20 janvier, déclarait jeudi qu’il était en train de préparer une rencontre avec Vladimir Poutine pour «en finir» avec le conflit en Ukraine. Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, faisait savoir que le président russe était «ouvert au contact» avec Donald Trump sans conditions préalables, en saluant la volonté du président des Etats-Unis de «résoudre les problèmes par le dialogue». Volodymyr Zelensky n’a de son côté pas réagi.

Obtenir l'aval de la CPI

Seul problème en vue d'un tel scénario: Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale international. «En tant que partie au Statut de Rome, la Suisse coopère avec la CPI, précise Nicolas Bideau. En ce sens, la Suisse devrait en principe arrêter les personnes sous mandat d’arrêt à leur arrivée éventuelle en Suisse. Si le mandat d'arrêt concerne un chef d'Etat ou de gouvernement en exercice, qui bénéficie de l'immunité en vertu du droit international public, le Conseil fédéral statue sur les questions d'immunité qui se posent.» En clair des exceptions sont possibles, notamment pour des négociations de paix. Reste à savoir quel serait le statut d’une éventuelle rencontre entre les deux chefs d’État. Pourra-t-on parler d’un sommet pour la paix?

La Suisse se profile alors que le changement d’administration aux Etats-Unis pourrait pousser à une solution diplomatique pour mettre un terme à l’agression russe de l’Ukraine. Washington est parfaitement informé des offres de la Suisse. Kiev est en contact soutenu avec Berne – les deux présidents ayant eu un appel téléphonique mardi – et privilégie à ce stade le processus du Bürgenstock dans lequel la Suisse reste engagée. Karin Keller-Sutter devrait prochainement rencontrer Volodymyr Zelensky.

Feu vert russe pour l'OSCE

Quant à la Russie, elle ne semble plus considérer comme un obstacle le fait que Berne a repris les sanctions européennes la visant. La Suisse est en effet toujours officiellement considérée comme un pays «inamical». Mais désormais «un peu moins que les autres», souligne un spécialiste suisse de la Russie. Récemment, Vladimir Poutine n’a ainsi pas fait obstacle à la candidature de la Suisse à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2026. Celle-ci a été confirmée fin décembre. Interpellée par «Le Temps», l’ambassade de Russie à Berne n’a pas réagi aux offres de la Suisse.