Décédée en 2022, l’écrivaine avait conquis le public avec des romans doux-amers traversés par un comique de situation redoutable. Voici son premier livre, savoureux prototype de son œuvre à venir, qui se déroule à l’aéroport de Genève
Plusieurs personnages se côtoient dans Londres 13h30. Normal, me direz-vous, pour un «roman d’aéroport», comme l’avait sous-titré son autrice, disparue en 2022. Des personnages prennent le temps de regarder le flux des voyageurs et de s’interroger. Un architecte employé par l’aéroport, une nettoyeuse de sanitaires, une artiste, une femme qui revient chaque jour attendre l’arrivée des vols en provenance de Londres. Cette dernière, Emilienne, espère l’impossible retour d’un père disparu dans un crash d’avion au-dessus de la Manche et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Elle ressemble à Laurence Boissier, décédée prématurément en 2022. En 2018, l’écrivaine nous confiait: «Mon père est décédé en 1974 dans un accident, mais on ne m’a pas dit qu’il était mort. On n’a pas prononcé le mot. J’ai continué à penser qu’il était vivant et je l’ai attendu.»