Pour célébrer le rocker valaisan décédé il y a une semaine, ses proches ont repris ses chansons dans une atmosphère à la fois festive et chargée d’émotions. Leurs souvenirs racontent un personnage de légende
Un portrait en noir et blanc de Bernie Constantin, la peau tannée, surplombe la petite scène. Le concert débute avec Lola Berlingo, une chanson chantée par son neveu Eric, et jouée par ses musiciens historiques. Un peu trop petit pour accueillir la foule présente ce mercredi soir, l’Entrepôt de Blignou, dans son village natal d’Ayent, sent la fumée, l’alcool et le rock’n’roll. Il y a beaucoup de tristesse mais aussi une étrange forme de plaisir festif dans le public, mélange hétéroclite de visages de la musique valaisanne ou romande, et de simples habitants du village, jeunes ou vieux. Tous sont convaincus que Bernie aurait beaucoup aimé ce «bordel» et cette ambiance hors du temps pour ses adieux. Pour son fils Jessie Kobel, qui chante au fond de la salle, entouré des siens, «c’est à la fois du chagrin et beaucoup de fierté».
Un peu plus tôt, au centre funéraire de Sion, une longue file s’étirait pour bénir son cercueil en l’aspergeant de whisky avec un micro en guise de goupillon. Surnommé l’iguane des Alpes, Bernie Constantin s’est éteint le 2 janvier dernier à 77 ans, usé par une vie d’excès. Passé par les scènes américaines des années 1970 et les plateaux de télévision français des années 1980, il était devenu un personnage de la légende locale. A peine plus jeune, le musicien Paul Mac Bonvin se souvient de longues marches dans la neige pour assister aux concerts de son premier groupe, les Anges Blancs, dans les années 1960. Il confie son admiration pour «un vieux compagnon de route» auquel il doit son amour du rock et même son propre nom de scène: «C’était une vedette. Quand il arrivait quelque part, on ne voyait que lui.»
Voir plus