Les Genevoises Laura Cazador et Amanda Cortés confrontent dans leur documentaire «Autour du feu» deux anciens membres du groupuscule terroriste la Bande à Fasel et trois jeunes femmes actives dans les milieux écologistes et antiracistes

On a tous et toutes passé une soirée au coin d’un feu qui crépite, dans la forêt, à se raconter des histoires qui font peur, à jouer à action/vérité, à écouter un guitariste se rêvant en Dylan ou Brassens ou encore à tenter de se convaincre que griller de la guimauve était une bonne idée… Et souvent, au coin du feu, dans le calme apaisant de la nuit, les langues se délient. Partant de ce principe, les réalisatrices genevoises Laura Cazador et Amanda Cortés ont décidé de réunir Autour du feu, titre littéral du documentaire qu’elles cosignent, deux générations d’activistes. D’un côté Daniel Bloch et Jacques Fasel, membres à la fin des années 1970 de la Bande à Fasel, et de l’autre trois jeunes femmes qui resteront masquées afin de préserver leur anonymat.

Les deux aînés, d’emblée, expliquent au trio qu’ils souhaitaient à l’époque «promouvoir une rébellion active en Suisse romande». Antimilitaristes et anticapitalistes, ils replacent leur combat dans le contexte de la radicalisation des milieux d’extrême gauche en Europe – la Fraction armée rouge en Allemagne, les Brigades rouges en Italie, Action directe en France. Comme le système est injuste, il leur semblait juste de braquer, de cambrioler. En 1978, lors d’un hold-up dans un centre commercial de Villars-sur-Glâne, un convoyeur de fonds est assassiné par un de leurs acolytes. Complices de l’Etat suisse, même les postiers étaient pour eux des ennemis…