ÉDITORIAL. En 2024, les partis au pouvoir ont perdu du terrain dans les démocraties occidentales, incapables de répondre aux attentes des citoyens. Le contexte est favorable à la simplification des discours politiques. Mais la Suisse peut faire mieux
L’année 2025 démarre dans l’instabilité. Donald Trump et ses menaces de conflits commerciaux, l’Europe affaiblie et désunie, la Chine en panne de croissance et les guerres meurtrières créent un environnement que les analystes considèrent avec prudence.
Ce contexte alimente la peur. Il est propice aux discours extrémistes dans les démocraties occidentales, des deux côtés de l’échiquier politique. La campagne présidentielle américaine l’a démontré. La France en est un exemple caricatural, d’autres pays européens vivent des montées de populisme ou des tensions intérieures fortes. L’annonce de la démission du chancelier conservateur autrichien, Karl Nehammer, samedi, à la suite de l’échec des négociations avec les sociaux-démocrates visant à former le prochain gouvernement, en est la parfaite illustration. La stabilité, ce n’est pas sexy en politique, a constaté le futur ex-chancelier autrichien.
Pour la première fois depuis cent vingt ans, dans chacun des 12 pays occidentaux qui ont organisé des élections nationales en 2024, les candidats sortants ont perdu des voix dans les urnes. Le Financial Times l’a démontré avec des données sans équivoque. Un fort courant s’est dessiné contre les partis et dirigeants en place, incapables de répondre aux préoccupations des citoyens. Le pouvoir d’achat et l’immigration ont été deux moteurs de cette évolution.
La Suisse, à son échelle, n’est pas à l’abri de certaines dérives. La question européenne, qui occupera une place importante dans le débat politique des prochains mois, est un terrain fertile pour les slogans simplificateurs. La santé et la lutte contre les coûts en constante progression posent des questions de société sans réponse facile. Le frein à l’endettement, incarné par la nouvelle présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, sera toujours plus difficile à appliquer alors que les besoins sont nombreux et poussent la gauche et la droite dans des directions toujours plus éloignées. Aide au développement contre armée. Social contre rigueur. Protection de l’environnement contre libéralisme économique. Les oppositions sont classiques, mais le contexte est plus dur.
Pourtant, en Suisse, le verre est à moitié plein. L’économie demeure robuste et les fondamentaux solides, malgré les enjeux liés au franc fort. Et surtout, le pays bénéficie de sa capacité historique à ficeler des compromis. Cette qualité intrinsèque à la démocratie helvétique, créatrice de solutions et d’avancées pragmatiques, sera particulièrement précieuse dans ce monde de 2025 en déséquilibre. Voir nos voisins s’entredéchirer permet de s’en souvenir et d’apprécier cette vertu. Il s’agit de la chérir et de la mettre en pratique.