Selon une étude récente, plus d’un tiers des 152 cabanes du Club alpin suisse pourraient notamment être menacées par le dégel du pergélisol. Pour y faire face, des investissements sont nécessaires. Mais, à long terme, l’argent devrait manquer
Selon les courants, le vent et parfois de la neige s’engouffrent entre les murs du bivouac situé à 2980 mètres d’altitude. Surplombant le Haut Glacier d’Arolla à quelques encablures de la frontière italienne, le refuge des bouquetins se contorsionne, au gré des mouvements de la moraine glacière sur laquelle il a été érigé en 1975. Le retrait du géant de glace et la fonte du pergélisol, liés au changement climatique, engendrent l’effritement du terrain. Une partie du petit édifice octogonal se situant aujourd’hui près d’un mètre au-dessus du sol, il est nécessaire, chaque année ou presque, de caler le bivouac pour qu’il demeure à niveau et sûr. Avant qu’il ne soit trop tard, la section du Club alpin suisse Val de Joux – propriétaire du refuge – a donc décidé de prendre les devants, en lançant un projet de nouveau bivouac.
«Nous avons préféré lancer ce projet dans de bonnes conditions, plutôt que dans l’urgence, après un sinistre. Nous voulons investir dans l’avenir, assurer que le refuge se situe sur un emplacement stable et ainsi éviter les petits travaux réguliers qui sont onéreux», souligne Laetitia Santana, cheffe de la commission de la rénovation du Refuge des bouquetins. Ce dernier fait partie des cinq cabanes suisses déjà impactées par le changement climatique. La cabane du Trift, dans l’Oberland bernois, et le bivouac de Mittelaletsch, dans le Haut-Valais, ont été détruits par des avalanches et seront reconstruits dans des endroits plus sûrs, tandis que la Rothornhütte et la Mutthornhütte – situées dans le Haut-Valais – ont été ou vont être déplacées en raison de la fonte du pergélisol.
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