Le sortant Mike Johnson, soutenu par le président élu et Elon Musk, n’a d'abord pas passé le premier vote pour la présidence de la Chambre des représentants. Deux députés ont retourné leur veste

Malgré le soutien de Donald Trump et une majorité de républicains au Congrès, sa réélection a été agitée: le «speaker» sortant Mike Johnson a finalement été réélu à la tête de la Chambre des représentants, grâce aux changements de décisions de deux députés.

Cette élection du président de la Chambre des représentants faisait figure de test de l’influence de Donald Trump au Congrès, car le futur président a apporté son soutien à Mike Johnson.

Lui souhaitant «bonne chance» vendredi dans un message sur son réseau Truth Social avant le vote, le futur président a qualifié l’élu de Louisiane comme «un homme bien et très capable, qui n’est pas loin d’avoir un soutien à 100%». «Une victoire pour Mike aujourd’hui sera une grande victoire pour le Parti républicain», a insisté Donald Trump.

Mike Johnson (au centre), lors du premier vote au Capitole, Washington, 3 janvier 2025. — © ROBERTO SCHMIDT / AFP
Mike Johnson (au centre), lors du premier vote au Capitole, Washington, 3 janvier 2025. — © ROBERTO SCHMIDT / AFP

Mais au vu de la faible majorité des républicains à la chambre basse dans cette nouvelle législature, le «speaker» actuel avait bien conscience qu’il ne pouvait pas se permettre beaucoup de défections dans son camp. Or, ils avaient été plusieurs avant le vote à avoir exprimé leur réticence, voire leur «non» franc, face à la candidature de l’élu, «speaker» depuis un peu plus d’un an.

En octobre 2023: De guerre lasse, Mike Johnson est le nouveau «speaker» de la Chambre des représentants

«Vous pouvez me couper les doigts, je ne voterai pas pour lui»

«Vous pouvez m’arracher tous les ongles, vous pouvez enfoncer des bambous dedans, vous pouvez commencer à me couper les doigts: je ne voterai pas pour Mike Johnson», avait déclaré le plus vocal d’entre eux, le républicain Thomas Massie, dans une interview à la chaîne conservatrice OAN.

Trois élus républicains ont donné leur voix à un autre candidat lors du premier scrutin, puis deux se sont rétractés et ont fait basculer le vote.

Après le président élu, le milliardaire Elon Musk – devenu l’une des voix qui compte le plus à Washington depuis son alliance tonitruante avec Donald Trump – avait pourtant aussi apporté sa voix en faveur du «speaker» actuel. «Je pense la même chose. Vous avez mon plein soutien», avait-il répondu cette semaine sur son réseau social X à Mike Johnson, qui se félicitait d’un message de Donald Trump en sa faveur.

Crispations au Congrès face au président élu

Les relations de Donald Trump avec le Congrès, y compris ses troupes républicaines, s'annoncent complexes. Juste avant Noël, le président élu n’avait pas obtenu l’inclusion dans un texte budgétaire d’une mesure sur le plafond de la dette qu’il réclamait pourtant haut et fort.

Conciliabule républicain à la Chambre des représentants: Chip Roy (à dr., Texas), Ralph Norman (Caroline du Sud), Tim Burchett (Tennessee) et Thomas Massie (Kentucky) au Capitole, 3 janvier 2025. — © ANDREW HARNIK / Getty Images via AFP
Conciliabule républicain à la Chambre des représentants: Chip Roy (à dr., Texas), Ralph Norman (Caroline du Sud), Tim Burchett (Tennessee) et Thomas Massie (Kentucky) au Capitole, 3 janvier 2025. — © ANDREW HARNIK / Getty Images via AFP

Le rejet initial de la candidature de Mike Johnson pour le perchoir donne un aperçu des difficultés que Donald Trump aura à faire passer son programme au Congrès dans les premiers mois de sa présidence.

Un autre flanc qui pourrait se compliquer: L’idylle de la tech et de Donald Trump pourrait craquer pour des questions de visas

Des luttes internes qui durent

Traditionnellement une formalité, l’élection du «speaker» a connu des remous inhabituels ces deux dernières années, notamment avec la destitution inédite il y a un an du précédent président de la chambre basse, Kevin McCarthy. Une chute orchestrée par la frange la plus à droite au Congrès, qui accusait déjà Kevin McCarthy d’avoir accru le déficit en cédant trop aux démocrates.

La destitution avait donné lieu à un psychodrame de 22 jours et exposé au grand jour les luttes intestines du camp républicain.

A moins de trois semaines de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump souhaite donc éviter ce genre de scénario, d’autant plus que sans «speaker», la Chambre des représentants se trouverait dans l’incapacité d’agir, et donc de certifier sa victoire à la présidentielle.